J'avais, jusqu'alors, un avis plutôt positif sur Vladimir Fédorovski, dont l'intelligence des propos et des analyses me séduisaient.
Cet ouvrage me déçoit donc d'autant plus pour les raisons suivantes :
1- Il y a véritablement tromperie sur la marchandise : l'ouvrage ne parle que de façon TRES minoritaire de ce qui est censé être son cœur, à savoir le rapport de Poutine à l'Ukraine. Le lecteur qui s'intéressait en amont à l'histoire de la région, n'y apprendra quasiment rien. Cette question du rapport de la Russie à ses anciens États vassaux (dont l'Ukraine) remonte à avant
l'ère Poutine. Hélène Carrère d'Encausse a écrit en 1978 "L'Empire éclaté" et en 1983 "Le Grand Frère : l'Union soviétique et l'Europe soviétisée". ces titres sont certes datés mais ils nous en apprennent bien plus sur la question que l'ouvrage de Fédorovski.
2- A la place d'une étude sérieuse sur la question russo-ukrainienne, on a une sorte de résumé très superficiel de l'histoire de l'URSS, limitée aux figures par rapport auxquelles Poutine se situerait (en continuité ou en opposition) : Staline, Khrouchtchev, Brejnev, Gorbatchev, Eltsine. Admettons cette approche psychologisante... Mais pourquoi alors rien sur les tsars (notamment Ivan IV, le terrible ou Pierre le Grand) puisque l'auteur lui-même insiste sur le fait que Poutine s'inscrit dans l'histoire Russe, période tsariste comprise ?
3- L'auteur dit lui-même (page 22) : "Ce livre est aussi le résultat d'une longue enquête qui devait être publiée à la rentrée mais les événements tragiques ont accéléré sa parution". Conséquence : cette accélération fut telle que l'auteur se retrouve dans le décor ! L'ouvrage est mal structuré, décousu, emplis d'erreurs d'inattention et de fautes. J'ajouterai qu'il se permet le luxe malvenu d'être répétitif (cf. la même description de la première rencontre, à distance, avec Poutine : pages 19 et 122) alors que bon nombre de choses manquent (notamment une analyse critique du discours que Poutine a tenu le 24 février 2022, qui se trouve en annexe, pp. 175-192) et que certains passages sont carrément sans intérêt pour le propos qui est censé être tenu (cf. la longue citation d'Alain Coulon évoquant son voyage en train, de Pékin à Moscou).
Bref, cet ouvrage profite indûment de l'actualité pour vendre (assez cher) un texte superficiel et bâclé qui est loin de tenir ses promesses. Dommage car l'auteur avait certainement possibilité de nous apprendre certaines choses.
Mouaih ! Ca sent quand même la bonne opportunité de la part d’un éditeur qui regarde BFMTV…
UNE SEULE QUALITE : La guerre, c’est souvent cela : deux logiques, deux raisons, deux intérêts qui s’affrontent. Et les USA au milieu ?
Dans cette guerre entre l’Ukraine et la Russie, à chacun de choisir son camp. Ou de s’en foutre.