Ce livre est le premier roman de Paola Pigani, qui écrivait jusqu'alors des nouvelles et des poèmes. Sa plume s'en ressent fortement, et c'est tout d'abord ce style fin, poétique et émouvant qui marque à la lecture, dès les premiers mots. Ce texte est avant tout un petit bijou de littérature. Chaque chapitre, comme le dit l'éditeur, est comme un tableau, un instant pris sur le quotidien, une émotion capturée sur le vif. En cela on retrouve la force des nouvellistes qui proposent en quelques lignes un décor, des personnages, une émotion qui débordent du cadre des mots.
L'auteur
s'inspire de la vie d'une femme manouche, Alexienne, la belle-mère de son frère, pour créer le personnage d'Alba, jeune adolescente lors de la Seconde Guerre Mondiale. On découvre à travers ce récit fictif, mais néanmoins fortement inspiré de la réalité, le quotidien des familles tziganes qui ont du, pendant la guerre, être regroupées dans des camps fermés, sous la surveillance des soldats français. La privation de liberté est terrible pour ces hommes du "mouvement" permanent : la maladie, la mort, les humiliations, rien ne leur a été épargné.
En lisant ce récit, j'ai souvent pensé au superbe film de Tony Gatlif "Liberté". On ne peut qu'être frappé par la force de ces femmes et de ces hommes, leur courage et leur ténacité; et à la fois par la manière dont ces épreuves leur ont comme brisé les ailes. Quitter les roulottes, perdre les chevaux, ne plus vivre les soirées au coin du feu, être coupé de la nature... tout cela participe à la souffrance des manouches.
Mais au-delà de cet épisode historique, ce roman-témoin nous donne à voir d'un peu plus près "l'âme" de ce peuple à la fois si proche et si méconnu de la communauté française dont il fait pourtant partie. J'ai adoré en apprendre plus sur la manière de penser, de vivre, d'aimer, des manouches. Le titre de ce livre est un proverbe tzigane qui prend tout son sens au fur et à mesure de la lecture. Paola Pigani parvient à merveille cette approche douce mais directe et profonde des personnages, les rendant attachants, vrais et bouleversants d'humanité.
Une fois encore, je ne peut que souligner la superbe plume de l'auteur, et je vous incite fortement à plonger dans ce roman historique poignant et marquant.
horreur et poesie
L'auteur romance l'histoire de la grand-mère d'une de ses nièces, tzigane, enfermée avec sa famille et comme l'ensemble de sa communauté dans un camp d'internement pendant la seconde guerre mondiale.
Page peu connue de notre histoire, Paola Pigani sait lui donner une résonance particulière grâce à une écriture très poétique.
Nous découvrons des gens fiers, habitués aux grands espaces, à la Vie, privés de leur essence même et dans un dénuement total.
Pourtant, l'espoir n'est pas loin. La solidarité, la force des traditions et cette vie qu'on veut leur confisquer leur permettra de reprendre le chemin, blessés mais bien vivants.