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Dès le milieu du III°siècle, mais surtout au IV° siècle, lorsque l'empire devient chrétien, un certain nombre de personnes partent au désert, pour y rechercher le Christ, de manière plus radicale, en quittant le monde. Les uns optent pour une solitude absolue : les anachorètes, les autres se retirent en groupes plus ou moins grands, sur le modèle de la première communauté de Jérusalem : les cénobites, comme l'explique le Père Adalbert de Vogué (spécialiste bien connu du monachisme), en reprenant les textes de référence sur la question.
C'est ce choix de vie dans les différents déserts : de l'Egypte aux îles de Lérins, en passant par la Palestine, la Syrie, la Cappadoce... , que retrace l'article de Luc Brésard, proposant ainsi une synthèse sur cette difficile question des origines du monachisme. Puis, Georges Descoeudres, spécialiste de l'archéologie chrétienne, s'attache à un des hauts lieux du monachisme égyptien : le désert des Kellia, où vécut Evagre, et il étudie les changements qu'il a connus entre le IV' et le VIII° siècles.
C'est ensuite l'une des grandes figures du désert d'Egypte que présente Paul Géhin, non pas celle d'Antoine, à laquelle nous avons consacré le numéro 64 de CPE, mais celle d'Evagre qui est longtemps resté énigmatique et qui a, pourtant, fortement marqué les auteurs ultérieurs. Spécialiste d'Evagre, Paul Géhin reprend les principaux moments de sa vie et de son oeuvre et dégage l'essentiel de son enseignement : la vision du "lieu de Dieu" , qui sera reprise par Jean Cassien en termes de pureté du coeur.
Bien que Cassien ne cite jamais explicitement Evagre (il ne pouvait d'ailleurs pas le faire après la controverse origéniste), il est fortement marqué par lui. On pourrait même établir un parallèle entre le discernement des pensées chez Evagre et les Institutions cénobitiques de Cassien. Ce travail a déjà été réalisé, c'est pourquoi, dans notre article, nous ne traiterons pas ce point, mais nous verrons quel a été pour Cassien l'apport de son séjour au désert d'Egypte et ce qu'il a retenu de l'enseignement des Pères du désert.
Marie-Anne Vannier
