Nous sommes dans les années cinquante. Tucker a dix-huit ans. Il rentre de la guerre de Corée et, des cauchemars plein la tête, s’apaise en retrouvant sa terre natale du Kentucky, un âpre bout de cambrousse au pied des Appalaches. Taiseux coriace et droit dans ses bottes, il entreprend sa nouvelle vie avec ténacité, fondant une famille tout en exerçant la dangereuse activité de bootlegger. Tout bascule quand, une dizaine d’années plus tard, les services sociaux menacent de lui retirer ses enfants, dont quatre sont nés handicapés. Tucker n’est pas du genre à subir sans réagir.
Le
livre est de la même trempe que son principal protagoniste, direct et sans bavardage : alors que transparaît l’attachement viscéral de l’auteur pour ce bout du monde propice à de sombres huis-clos, le récit enferme peu à peu le lecteur dans un récit noir, sans pathos ni complaisance, où le drame, implacable, s’installe silencieusement. Les dialogues sonnent avec une parfaite justesse et rendent extraordinairement vivants les personnages. Gens modestes et attachants que la vie malmène, ils sont de ceux qui ne comptent que sur eux-mêmes. Cachant leur souffrance derrière leur droiture et leur dignité muette, ils s’attachent avec énergie à défendre ce qu’ils ont de plus cher : la famille et l’honneur, selon un code moral qui n’a que faire de la loi.
Western moderne, efficace et sobre, c’est aussi un livre empreint d’humanité et de poésie : un très beau roman.
Coup de foudre
Intense, profondément humain et terriblement beau, « Nuits Appalaches » fait partie des ces romans qui vous prennent au dépourvu et dont la lecture vous fait ressortir un plus grand, vous donne l’envie de déplacer des montagnes et de dire à vos proches combien vous les aimez.
La façon dont Chris Offut dépeint les sentiments éprouvés par ses personnages est effrayante tant elle est à la fois emplie d’une justesse incroyable et d’une simplicité désarmante.
Partager la vie de Tucker, Rhonda et leurs enfants l’espace d’un instant appartient à ces petits moments d’éternité que l’on garde précieusement contre son cœur...
Nb : Trop belle pour être oubliée, la traduction d’Anatole Pons.