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Il s'agit, dans ce deuxième volume, de comprendre les rapports et les tensions à l'œuvre entre ceux que l'on nomme les Land Artists, et les mouvements sociaux de contestation nés après la Seconde Guerre mondiale, en particulier la Beat Generation et la Contre Culture. J'établis les filiations historiques de ces mouvements, afin de mettre au jour leurs racines identitaires et culturelles et l'origine de leurs pratiques sociales de création.
Je vérifie leur rapport à la culture et aux mouvements européens antérieurs. Je dessine la carte des réseaux les ayant portés. Je mets au jour les contiguïtés spatio-temporelles entre les Land Artists et l'évolution des mouvements de contestation pendant les décennies 1950, 1960 et 1970, avec un apogée entre 1968 et 1970. Dans le premier chapitre, je m'attache à remonter les écheveaux de l'histoire des pratiques artistiques qui conduisent les artistes de mon corpus, à partir de 1965-1967, à sortir des ateliers pour investir la nature sauvage, étendant ainsi les limites des lieux de création, d'abord aux déserts du Sud-ouest, puis, avec les observatoires, au cosmos et à l'univers.
Mais du même coup, ce sont aussi les lieux de monstration qui sont " déplacés " (Penders) ou " étendus " (Tiberghien), et imposés à l'ensemble des actants du monde de l'art. L'objet du deuxième chapitre consiste à étudier pas à pas le parcours des différents actants du Land Art : artistes, galeristes, critiques, commissaires, conservateurs, mécènes, collectionneurs, avec l'objectif de révéler les réseaux sociaux et de mettre au jour les ruptures opérées par les Land Artists dans les pratiques sociales de création.
Ces ruptures entraînent avec elles une remise en question totale et brutale des pratiques professionnelles des autres actants des
mondes de l'art. Fait social total, elles touchent autant l'aspect esthétique et économique que
les pratiques professionnelles de création, l'organisation de la monstration des œuvres, leur
critique ou leur collection. Ces œuvres, que j'ai nommées œuvres-sites-monuments, montrent leur rapport à l'identité culturelle de l'Amérique, aux mythes de fondation de l'Union, en ce qu'elles se réfèrent au mythe de la nature sauvage par cette volonté des artistes de soumettre l'Ouest sauvage et le cosmos à la volonté créatrice de l'artiste comme conquête d'une nouvelle frontière.
Elles montrent leur complète communion avec les valeurs portées par la Contre Culture à travers leur volonté de
replacer l'homme au cœur de l'œuvre, au centre de la vie et de l'univers.