En cours de chargement...
Point de pudibonderie, ni de puritanisme hypocrite dans les enluminures des livres de dévotion médiévaux. L'association des instruments de musique, de l'obscénité et des métaphores homo- et hétérosexuelles caractérise les décors des marginalia de la majorité des manuscrits dévotionnels des XIIIe et XIVe siècles. Les "drôleries" musiciennes et érotiques sont des ornements communs et répandus dans les psautiers et les livres d'heures des laies et des clercs.
Ceux-ci en sont d'ailleurs les concepteurs, lettrés pourtant garants de la morale sexuelle. De nos jours, ce paradoxe étonne d'autant plus que ces livres de prières sont souvent à l'usage des femmes de l'aristocratie, quelles soient fiancées, épouses, amantes, veuves, abbesses ou moniales. Il contraste certainement avec l'idée que l'on peut faire des cultures savantes et des pratiques religieuses du Moyen Age.
Or, c'est sous l'autorité de l'Eglise que images et musiques des corps interrogent les sexualités et le genre, la norme et la transgression, et par-là, le corps et l'âme et la place de l'humain dans le monde créé ; à contre-courant, peut-être, des idées préconçues sur le Moyen Age, leur audace invite à réfléchir sur les rapports aux images et au religieux dans la société médiévale, et par ricochet dans celle d'aujourd'hui.