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Comme à son habitude, Euripide a fortement innové quand il a composé en 431 avant notre ère sa Médée, la première tragédie de lui que nous ayons conservée. La Médée mythique était une magicienne aux pouvoirs redoutables, plusieurs fois criminelle. Ici, elle s'impose la catastrophe. Pour faire payer son infidélité à Jason, elle devient meurtrière de leurs enfants. Euripide a sans doute inventé ce crime.
Elle ne se contente pas de se venger, mais anéantit le monde pour lequel son mari la quitte : elle désagrège la jeune rivale en même temps que son père, le roi de Corinthe, et, avec ses enfants, elle détruit le passé. Rien ne doit en rester, puisqu'il a été nié. Dans cette tragédie, elle est le divin. Petite-fille du Soleil, elle s'était donnée librement à un mortel ; elle se reprend, mais dans un désastre qui la touche aussi.
Euripide a choisi de ne pas mettre en scène la magie, mais la virtuosité avec laquelle l'étrangère parle les mots des Grecs, pour tuer. Contrairement à ce que disait Nietzsche, la dialectique ne dénature pas la tragédie, elle la renforce.
Exceptionnel.
J'ai beaucoup de peine à "faire une critique" sur ce type d'ouvrage: quelle prétention ce serait.
En revanche, je vous invite vivement à lire ce texte. C'est d'une universalité, d'une modernité, d'une humanité incroyable.
On souffre, on pense, on hait avec les mêmes mots qu'il y a 2500 ans.
Je regrette de ne pas avoir vu le film de Pasolini avec La Callas dans le rôle de Médée. ça doit être quelque chose!
Au théâtre ce serait encore mieux mais ça c'est une autre histoire.