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Suivant la voie ouverte avec Les Mystères de Paris et Le Juif errant, Eugène Sue élargit le champ de ses études sociales avec son troisième grand roman feuilleton. Si la peinture des misères urbaines y est toujours présente, c'est désormais celle des campagnes qui passe au premier plan. Dans la Sologne misérable qu'il dépeint, les enfants de paysans pauvres, orphelins ou abandonnés par des parents ne pouvant subvenir à leurs besoins, sont condamnés à mourir de faim, à sombrer dans la délinquance ou à être la proie du premier charlatan venu.
Avec un réalisme effrayant, Martin retrace dans la première partie de ses mémoires sa propre histoire ainsi que celle de ses deux compagnons de misère, Bamboche et Basquine, tous trois tombés aux mains d'un couple de saltimbanques sadiques et pervers. Dans la seconde partie des mémoires de Martin, les trois enfants, devenus adultes, essaient de survivre dans un Paris impitoyable qui est celui des Mystères.
Ce sombre tableau de l'enfance abandonnée est éclairé par un homme de bien : l'instituteur Claude Gérard. Comme naguère Rodolphe de Gerolstein, Claude Gérard personnifie la Providence, une Providence laïque qui enseigne à Martin les vertus qui lui font défaut : l'honnêteté, la dignité, l'altruisme, la confiance en l'avenir etc. Des vertus qui le sauveront. Avec ce roman, Eugène Sue poursuit son oeuvre de prosélyte.
Récemment converti au fouriérisme, il expose les bienfaits qu'apporterait un rapprochement entre paysans et propriétaires terriens car, Fourier et ses disciples l'ont convaincu, c'est par l'association que la misère sévissant dans les campagnes pourra être vaincue.