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Les écrivains polonais sous trois dictatures porte à la connaissance du public français plus d'une vingtaine d'auteurs. Si quatre d'entre eux, Witold Gombrowicz, Ignacy Witkiewicz, Czeslaw Milosz, Bruno Schulz, nous sont familiers, de nombreux poètes et romanciers importants dans le monde des lettres polonaises restent inconnus ou méconnus ici. En Pologne, durant les deux décennies de l'entre-deux-guerres, le poète Julian Tuwim occupe l'une des premières places.
Ses poèmes enivrés de vie, dont certains inspirés de Rimbaud, provoquent des scandales dans les milieux conservateurs. Dans le ghetto de Drohobycz en 1942, la tragédie est à son comble le jour d'une course à la tuerie de cibles vivantes. Bruno Schulz est abattu par un Waffen SS d'une balle tirée à bout portant. Zofia Nalkowska conserve l'image de grande dame des lettres polonaises, tandis qu'une poétesse inconnue, modeste, est sortie de l'ombre par les fins limiers suédois qui offrent la distinction suprême en littérature à Wislawa Szymborska.
Catholique libéral, Czeslaw Milosz déjoue la dictature en se faisant nommer en poste à l'ambassade de Pologne à Paris. Il peut ainsi publier ses oeuvres en toute liberté et sera auréolé du prix Nobel de littérature en 1980. Cet ouvrage clôt une étude approfondie et documentée en six volumes sur les écrivains confrontés aux dictatures nazie, fasciste, stalinienne, franquiste, vichyste. Il s'inscrit dans la même perspective et la même volonté de rendre hommage et justice aux talents littéraires que l'histoire a marginalisés, méconnus ou effacés de notre culture et de notre mémoire.
Remettre leurs oeuvres et leur vie à leur juste place, rappeler les écrits et les auteurs qui ont collaboré avec les régimes totalitaires, mis leurs talents au service des persécuteurs dont certains sont aujourd'hui honorés, enseignés en toute méconnaissance ou négation de leur rôle, tels sont les objectifs auxquels l'auteur se consacre.