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Le Livre de Lao-tseu et les Entretiens de Confucius ont été abondamment traduits dans toutes les langues occidentales, toutefois il n'en existe aucune édition conjointe. Il nous a semblé intéressant de les apparier, non parce qu'ils remonteraient à une source commune ou que, poursuivant une visée distincte, ils pourraient finir par converger ; mais parce que, au contraire, tout en constituant les deux piliers de la culture chinoise ancienne, ils en forment les deux pôles opposés.
En dépit de toutes les tentatives de conciliation - ou de réconciliation - proposées à ce jour, ces deux courants contradictoires de la pensée et de la sensibilité chinoises ne sauraient fusionner sans se détruire ou disparaître, à la façon de ces deux arbres de la vie dont parle Musil, la Science et la Poésie, qui donnent sens à la vie précisément du fait qu'ils sont irrémédiablement disjoints. C'est cet antagonisme fondamental, rebelle à toutes les tentatives syncrétistes de fusion ou d'amalgame, qui a donné à la pensée chinoise sa profondeur et sa richesse.
Indépendamment de cet enjeu qui commandait de publier conjointement deux ouvrages appartenant à des tendances opposées, il en est d'autres, propres à chacune des traductions. Celles-ci, accompagnées d'une présentation substantielle et de notes détaillées s'emploient en effet à souligner l'ambiguïté des textes et la multiplicité des interprétations possibles. Le traducteur, Jean Levi, a surtout cherché à rendre en français les spécificités du style des deux ouvrages, tout en tenant compte des nouvelles interprétations ouvertes par les récentes découvertes de versions manuscrites remontant, pour le Lao-tseu, au IVe siècle avant notre ère.