Jacques Chessex nous raconte dans un style délicieux alliant humour noir et pure épouvante un faits divers qui secoua l’opinion publique suisse au début du XXème siècle durant des mois. Le livre est extrêmement court (classé “Courts romans et autres nouvelles” chez France Loisirs), et on reste inévitablement sur sa faim dès sa fermeture (environ une heure après son ouverture). Les faits évoqués sont juste abominables, sanglants et d’une cruauté infinie. Un cadavre, puis deux autres sont profanés, mutilés, charcutés, démembrés. Le contexte culturel et social est des plus
primaires. Les vieilles superstitions refont surfaces, les croyances refoulées rejaillissent. Le “vampire” supposé a tout du coupable idéal, il représente le vice, la violence et les travers inavouables de la misère. Ses déviances, sa brutalité et son enfance abusée en font un bouc émissaire parfait pour calmer une population à la fois fascinée et haineuse. Seulement qu’en est-il vraiment ? On s’immerge très rapidement dans une ambiance glauque et obscure, on est vite horrifié par les faits évoqués si crûment. L’auteur part de faits réels et abouti à une fin plutôt surprenante, à nous de démêler le réel de la fiction.
Habile, malin et joliment littéraire !
En partant d'un fait divers survenu dans son village fin 19ème/ début 20ème, Chessex nous livre un récit de genre. Il mêle avec brio les codes de la littérature fantastique et les recettes de toute bonne série tv à suspens.