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Années trente, un Russe, émigré à Paris, confie le secret qui parasite son existence. À l’âge de 16 ans, alors qu’il servait dans l’armée des « blancs » monarchistes contre les révolutionnaires bolcheviques, il a tué un homme. C’était le dernier été du conflit. Épuisé par les batailles, il s’assoupit quelques secondes contre un arbre. Quand il se réveilla, son groupe de partisans avait disparu. Tout à coup, un cavalier sur un immense cheval blanc surgit et le menaça de son fusil.
Il sortit alors son revolver, visa et tira. Le cavalier s’effondra. Brusquement, le bruit d’une cavalcade le poussa à enfourcher le cheval d’apocalypse abandonnant le cadavre. Depuis la scène le hante. Des années plus tard, le narrateur découvre dans une nouvelle anglaise écrite par un certain Alexandre Wolf, cet épisode fondamental de sa vie relaté au détail près ! L’homme qu’il croyait avoir tué, seul susceptible de connaître son histoire, serait-il en vie ? Il décide alors de retrouver ce Wolf pour se défaire une fois pour toutes du fardeau qui l’accable.
Il se rend en Angleterre pour mener l’enquête. L’éditeur du recueil le reçoit avec réticence et lui assure qu’il ne peut s’agir de l’individu qu’il recherche. Déçu, le narrateur rentre à Paris. Mais le spectre n’a pas fini de le tourmenter et le rattrape à tous les détours de son existence : leurs destins sont comme scellés à jamais. Un jour, dans un restaurant russe, un compagnon de beuverie lui raconte comment il a miraculeusement sauvé l’un de ses amis, Sacha Wolf, mortellement blessé lors de la guerre civile russe.
Sacha, devenu écrivain, a d’ailleurs écrit, en anglais, le récit de sa « résurrection ». Alexandre Wolf renaît, une fois encore, de ses cendres : le narrateur sait maintenant que l’écrivain injoignable est russe, que l’éditeur l’a trompé en toute connaissance de cause. Pourquoi ? Plus tard, lors d’un combat de boxe sur lequel il doit faire un article, il rencontre une compatriote, Hélène, dont il tombe éperdument amoureux.
Au détour d’une conversation avec sa maîtresse, il apprend qu’un ancien amant, qu’elle a connu à Londres, aurait frôlé la mort dans une situation et une période très proches de celle où il a lui-même tiré sur son cavalier au cheval blanc. Le doute n’est plus permis, celui qu’il croyait avoir tué, le « spectre » n’est pas mort, et il n’est plus si loin… Le Spectre d’Alexandre Wolf est un roman exceptionnel, qui mêle fantastique, intrigue policière, et métaphysique.
Sa réflexion sur la manière dont se construisent les souvenirs est un régal. On ne peut s’empêcher de penser à Dostoïevski ou à Pouchkine, à Camus, et à Marcel Proust.