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Le serment du Jeu de Paume (The Tennis Court Oath, 1962), l'un des livres clef de la littérature américaine d'après-guerre, correspond à la "période française" du poète américain John Ashbery (1927). John Ashbery a vécu 10 ans en France, d'abord à Montpellier puis à Paris, de 1955 à 1965. La publication de ce livre a provoqué une onde de choc dans le monde des lettres américaines, ouvrant la voie aux expérimentations les plus diverses dont s'inspireront les poètes des années soixante-dix et quatre-vingt, notamment les poètes du mouvement L=A=N=G=U=A=G=E comme Charles Bernstein, Ron Silliman ou Bruce Andrews, qui ont lu dans Le serment la nécessité et la possibilité de rénovation de la langue américaine.
Le livre n'entretient pas de rapport direct ou illustratif aux événements du 20 juin 1789. John Ashbery explique qu'il a eu l'idée de ce titre lors d'un trajet en bus à Paris : comme il passait devant les jardins du Luxembourg, John Ashbery a aperçu des gens vêtus de blanc en pleine partie de tennis, scène qui lui a rappelé Le serment du Jeu de Paume. Le poète explique qu'il a alors été intrigué par le contraste entre les "circonstances apocalyptiques" de la Révolution française rappelée à son souvenir et la scène presque pastorale de ces Parisiens jouant au tennis au début des années soixante.
Ce qui se "joue" dans ce livre tient à la volonté du poète d'aller chercher les particularités de la langue et du langage par-delà le figement de l'histoire dans un événement dont seul le nom semble subsister dans la mémoire collective. C'est un livre qui ouvre, comme la paume de la main, un livre palmé aux nombreuses feuilles et aux nombreux départs ; un livre qui tend, lance, jette comme la main du joueur lance la balle.
Le serment propose une définition de la poésie comme incessante série de déplacements et d'échanges, de services réussis, de balles perdues et de montées au filet héroïques.