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Ce volume rassemble une quinzaine de nouvelles et quelques essais, qui remontent pour la plupart aux années 1920-30. Dans L’Éventail, Les Lampions de la première lune et Madame Zhou, l’auteur dépeint la naissance du sentiment amoureux chez des jeunes gens indécis face au désir qui les habite, tandis que Crépuscule à la saison des pluies ou Au Théâtre « le Paris » décrivent ces mécanismes inconscients chez des personnages d’âge mûr.
Avec L’Amour de Shi Xiu, il se livre au pastiche de la littérature ancienne vue sous l’angle de l’analyse psychologique. Dans Soleil printanier et Brume, l’intrigue est assez secondaire par rapport au monologue intérieur qui s’apparente à un flux de conscience. De même, la crainte de ne pas sembler assez viril hante le personnage de Lune croissante de fin d’automne. Dans Le Poète, un lettré solitaire et déclassé, habitué d’une maison de thé, sombre peu à peu dans la folie.
La Carte de visite montre les effets néfastes de la productivité du monde moderne chez un employé. Une technique proche du montage, l’importance accordée aux dialogues, font parfois songer au cinéma, comme dans La Danseuse au déclin du jour. L’érotisme se mêle au fantastique dans Yaksha, où le héros fasciné par une femme vêtue de blanc croit voir en elle un être démoniaque. Le Goût de la pluie, Voyage autour de ma chambre révèlent la maîtrise de l’auteur dans l’art de l’essai.
Enfin, une évocation publiée en 1988 à l’occasion de la mort de Shen Congwen constitue un riche témoignage sur la traversée du siècle de ces deux écrivains. Ces textes proviennent, pour l’essentiel, de la période la plus active de Shi Zhecun. Comme celle d’autres écrivains de sa génération, son oeuvre n’a été redécouverte que récemment en Chine. Elle ressurgit intacte sous nos yeux, tout imprégnée encore des temps qui l’ont vue naître, que la brutalité et l’indifférence du siècle n’ont pas su effacer.