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Cette étude s'attache aux oeuvres de Lord Shaftesbury, Francis Hutcheson, David Hume et Adam Smith - quatre éminents philosophes anglo-écossais du XVIIIe siècle qui constituent ce que l'on peut nommer la tradition des sentiments moraux. Tous les quatre ont en commun de développer une philosophie morale et politique fondée sur les sentiments (bienveillance, amitié, sympathie, etc.) plutôt que sur la raison.
Le point d'aboutissement de l'analyse est la philosophie d'Adam Smith, l'un des pères fondateurs du libéralisme économique. La question est la suivante : comment la tradition des sentiments moraux a-t-elle pu déboucher sur une économie, et qui plus est sur une économie libérale affirmant le primat de la recherche de l'intérêt privé ? Comment une réflexion sur la valeur de l'altruisme a-t-elle fini par produire une théorie des rapports marchands où semble régner l'égoïsme ? L'explication de cette étonnante évolution de la tradition des sentiments moraux est à chercher dans le concept de système.
En effet toutes les thèses de nos quatre auteurs doivent être comprises sur le fond d'un débat métaphysique au sujet du concept de système. Ce débat oppose les partisans de la finalité (Shaftesbury et Hutcheson) aux penseurs non finalistes (Hume et Smith). De la métaphysique on passe alors, toujours guidé par le concept de système, à la morale et à la politique, puis à l'économie. Cette étude s'achève sur une interprétation du libéralisme économique de Smith, en montrant qu'il est porteur d'un idéal moral et politique hérité de la tradition des sentiments moraux.
Que l'on veuille défendre le libéralisme économique ou que l'on veuille le critiquer, il s'agit en tout cas de prendre au sérieux son idéal moral et politique, et de cesser de n'y voir qu'une simple démarche pragmatique de gestion des affaires économiques.