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Ruth Kowalsky, 12 ans, se noie dans la Tamassee, rivière de Caroline du Sud, alors que ses parents pique-niquent tranquillement à quelques mètres de là. Le courant étant trop fort à cet endroit, les plongeurs ne parviennent pas à dégager son corps, coincé sous un rocher à proximité d'une chute. Le père de la victime, un banquier qui a des relations, obtient l'installation un barrage amovible pour détourner le cours de l'eau vers la rive droite, contre l'avis des gens du cru qui connaissent le danger encouru.
Une guerre s'engage alors avec les écologistes locaux, qui se targuent du Wild and Scenic Rivers Act, loi fédérale interdisant à quiconque de perturber l'état naturel d'une rivière qui a obtenu le label" sauvage". Très vite, le fait-divers prend une dimension nationale, le cirque médiatique se déchaîne de répugnante manière et des enjeux plus importants que la digne sépulture d'une enfant se profilent : pouvoir local, chantage politique, intérêts financiers.
Une jeune photographe de presse, Maggie, native du comté où se joue le drame, est chargée de couvrir les événements. Consciente que l'opinion publique soutient les parents, elle penche affectivement du côté des protecteurs de la nature : comme elle, plus d'un lecteur hésitera entre les deux camps.
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" Le chant de la Tamassee" de Ron Rash confirme l'immense talent du romancier américain. Représentant doué du Nature writing il nous propose un récit qui se lit comme un grand poème des profondeurs de l'Amérique. Le roman débute par la mort d'une petite fille, Ruth Kowalsky, qui se noie dans la Tamassee, rivière de Caroline du Sud à quelques mètres de ses parents qui pique-niquent sans se douter du drame. C'est évidement une tragédie épouvantable mais le romancier se sert de cet évènement pour faire immédiatement bifurquer son récit vers un affrontement inattendu entre les parents de Ruth et les défenseurs de la nature car le corps de l'enfant est resté coincé dans la rivière et le courant est si fort qu'il est impossible aux plongeurs de pouvoir le ramener. Le père de Ruth est banquier et il décide de faire installer un barrage amovible sur le cours d'eau pour le détourner mais les écologistes du pays ne l'entendent pas de cette manière car ils savent quels genres de risques une telle initiative ferait courir à l'environnement. Aux Etats-Unis il existe une loi fédérale, le Wild ant Scenic Act, qui protège les cours d'eau qui ont obtenu le label "sauvage" et c'est cette loi que vont évoquer les défenseurs de la Tamassee.
Le lecteur n'est pas seulement entrainé par le courant de la rivière mais aussi par l'affrontement entre les deux camps. Rapidement les médias vont s'intéresser à cette affaire et les antennes paraboliques, les caméras et les reporters de tout poil vont envahir le comté. Parmi eux, Maggie, une jeune photographe de presse qui est née sur les rives de la Tamassee revient au pays pour couvrir l'affaire. Progressivement émergent des intérêts qui dépassent de loin la mort de la petite fille : intérêts financiers, politiques, chamailleries entre pouvoirs locaux. Maggie patauge au milieu d'une affaire qui devient de plus en plus glauque, consciente que l'opinion a pris le parti des parents elle va glisser progressivement du côté des défenseurs de la nature.
L'écriture de Rash est d'une grande puissance narrative, elle suit son cours sans se soucier des apparences, avance selon sa nécessité sans demander aucune permission. Les situations, les personnages, les dialogues ont une densité incroyablement forte. Rash possède un talent particulier pour sonder le coeur des hommes et le portrait qu'il fait de l'Amérique est profondément inattendu. La traduction d'Isabelle Reinharez est à ce titre tout à fait remarquable car elle sert la langue de l'écrivain en lui conservant toute sa force, celle d'une rivière sauvage...
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE)