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"De sa vie, chacun est le porteur de valise. La mienne avec ses étiquettes d'hôtels qui bariolent son cuir en tous sens me vient du fond des âges sombres, un long périple, depuis Buchenwald jusqu'à New-York ; et depuis qu'elle m'appartient, je l'accompagne. Outre ce que l'on glisse dans une valise — objet aussi indispensable qu'un miroir pour un être humain —, celle-ci contient les notes précieuses d'un chef d'oeuvre, gravées dans un microsillon dû à John Coltrane, A Love Supreme.
Depuis l'adolescence, je n'ai cessé d'écouter cette suite musicale : elle est le fruit d'un saxophoniste exceptionnel qui m'a appris à entendre ce que les hommes ne parviennent pas à dire." Voici ce qu'Ismaël, l'auteur de ce récit né de la rencontre d'une valise et d'un microsillon, partage avec ses amis, lors d'une nuit d'été au cap Fréhel, à l'écoute de cette composition sans pareil. La valise a résisté aux catastrophes du siècle dernier et le microsillon retient un chant qui respire avec ampleur.
Telle une bouteille à la mer, A Love Supreme donne accès à ce lieu situé entre ciel et terre où Coltrane dans son Ascension va côtoyer ces héros de la dignité humaine que sont Martin Luther King, Malcolm X, Frantz Fanon, l'émir Abd el-Kader et Yasujirô Ozu.