Gérard Garouste n'a pas su rester tranquille. Il n'a pas pu suivre le chemin tout tracé de fils de son père, il n'a pas pu profiter pleinement du succès qu'il a acquis grâce à son oeuvre. Sa vie est celle d'un intranquille, et c'est celle-ci qu'il a entrepris de raconter avec l'aide de Judith Perrignon dans L’intranquille. Il revient sur son enfance avec clairvoyance et décrit avec la précision et les couleurs du peintre, sans épargner les défauts des hommes.
Un fils, un peintre, un fou, c’est ainsi qu’il se définit, dans une sorte de trinité au mysticisme que lui seul comprend.
Un
fils d’abord, le fils de son père surtout, un père effrayant plus que violent, qui l’a marqué à vie, et dont seule la mort à permis à Gérard Garouste d’entreprendre une reconstruction par l’écriture. « Sa mort ne change pas grand-chose. Elle ne résorbe rien. Je vis depuis toujours dans la faille qui existe entre lui et moi. C’est là que j’ai compris mon rapport aux autres et au monde. » Sans aucun doute son enfance y est pour beaucoup dans le traumatisme qui le tourmente encore. Ses croyances et ses représentations sont toutes issues de son éducation, par opposition ou imitation. Ainsi, il semble qu’il s’applique à contredire son père dans tous ses choix : « Il avait pas pu faire héros. Alors il avait fait salaud. Son éducation de bon catholique l’y préparait. Il appartenait à un monde d’illusions et de certitudes, où les Juifs avaient sale réputation. »
L’ombre du père plane au dessus de toute l’autobiographie, comme si c'était le seuil fondamental à franchir pour ensuite pouvoir s'en libérer, et cette libération s’effectue par l’expression artistique.
Un peintre ensuite, un peintre talentueux et reconnu dont les œuvres sont exposées dans les plus grands musées du monde. Et pourtant, (et peut-être justement) il a besoin de revenir en lui, de se recueillir pour ne pas se perdre. Or cela est possible dans les asiles psychiatriques qui, en accord avec leur dénomination, lui servent d’asile.
Et enfin un fou, parce qu’il n’y a pas d’art sans folie, et que dans le cas de Gérard Garouste ça se vérifie particulièrement. Son instabilité psychologique, c’est ce qui le rend particulièrement attachant dans l’autobiographie. On peut presque dire que l'incompréhensible prend sens et on voyage dans sa folie comme dans un univers pictural. On perçoit la peinture comme moyen de s’en sortir, d’assainir la folie si j’ose dire. La lecture de L’intranquille nous amène à considérer que les liens entre l’art et la folie sont plus étroits qu’il n’y paraît et à nous demander si l’art ne serait pas forcément une manifestation de la folie après tout. D’ailleurs il semble que pour Gérard Garouste ce soit presque un palliatif, un moyen de substitution.
C’est donc une autobiographie poignante qui vaut le coup d’être lue, qu’on soit amateur d’art ou non, connaisseur de l’œuvre de Gérard Garouste ou non. Personnellement je ne connaissais pas ce peintre et je trouve qu’aimer l’art c’est aussi aimer la découverte, et c’est d’autant plus agréable quand on peut faire des parallèles entre le genre littéraire et le genre pictural comme ici. Dans le contexte contemporain où les pratiques culturelles se renouvellent, sans cesse à la recherche de la nouveauté et de ce qui peut choquer, Gérard Garouste explique pourquoi il se place dans un courant contraire, revendiquant des influences et une certaine dose de classicisme, ses œuvres étant tout aussi « intranquilles » que lui, elles choquent, déstabilisent.
Gérard Garouste, un intranquille prend la plume
Gérard Garouste n'a pas su rester tranquille. Il n'a pas pu suivre le chemin tout tracé de fils de son père, il n'a pas pu profiter pleinement du succès qu'il a acquis grâce à son oeuvre. Sa vie est celle d'un intranquille, et c'est celle-ci qu'il a entrepris de raconter avec l'aide de Judith Perrignon dans L’intranquille. Il revient sur son enfance avec clairvoyance et décrit avec la précision et les couleurs du peintre, sans épargner les défauts des hommes.
Un fils, un peintre, un fou, c’est ainsi qu’il se définit, dans une sorte de trinité au mysticisme que lui seul comprend.
Un fils d’abord, le fils de son père surtout, un père effrayant plus que violent, qui l’a marqué à vie, et dont seule la mort à permis à Gérard Garouste d’entreprendre une reconstruction par l’écriture. « Sa mort ne change pas grand-chose. Elle ne résorbe rien. Je vis depuis toujours dans la faille qui existe entre lui et moi. C’est là que j’ai compris mon rapport aux autres et au monde. » Sans aucun doute son enfance y est pour beaucoup dans le traumatisme qui le tourmente encore. Ses croyances et ses représentations sont toutes issues de son éducation, par opposition ou imitation. Ainsi, il semble qu’il s’applique à contredire son père dans tous ses choix : « Il avait pas pu faire héros. Alors il avait fait salaud. Son éducation de bon catholique l’y préparait. Il appartenait à un monde d’illusions et de certitudes, où les Juifs avaient sale réputation. »
L’ombre du père plane au dessus de toute l’autobiographie, comme si c'était le seuil fondamental à franchir pour ensuite pouvoir s'en libérer, et cette libération s’effectue par l’expression artistique.
Un peintre ensuite, un peintre talentueux et reconnu dont les œuvres sont exposées dans les plus grands musées du monde. Et pourtant, (et peut-être justement) il a besoin de revenir en lui, de se recueillir pour ne pas se perdre. Or cela est possible dans les asiles psychiatriques qui, en accord avec leur dénomination, lui servent d’asile.
Et enfin un fou, parce qu’il n’y a pas d’art sans folie, et que dans le cas de Gérard Garouste ça se vérifie particulièrement. Son instabilité psychologique, c’est ce qui le rend particulièrement attachant dans l’autobiographie. On peut presque dire que l'incompréhensible prend sens et on voyage dans sa folie comme dans un univers pictural. On perçoit la peinture comme moyen de s’en sortir, d’assainir la folie si j’ose dire. La lecture de L’intranquille nous amène à considérer que les liens entre l’art et la folie sont plus étroits qu’il n’y paraît et à nous demander si l’art ne serait pas forcément une manifestation de la folie après tout. D’ailleurs il semble que pour Gérard Garouste ce soit presque un palliatif, un moyen de substitution.
C’est donc une autobiographie poignante qui vaut le coup d’être lue, qu’on soit amateur d’art ou non, connaisseur de l’œuvre de Gérard Garouste ou non. Personnellement je ne connaissais pas ce peintre et je trouve qu’aimer l’art c’est aussi aimer la découverte, et c’est d’autant plus agréable quand on peut faire des parallèles entre le genre littéraire et le genre pictural comme ici. Dans le contexte contemporain où les pratiques culturelles se renouvellent, sans cesse à la recherche de la nouveauté et de ce qui peut choquer, Gérard Garouste explique pourquoi il se place dans un courant contraire, revendiquant des influences et une certaine dose de classicisme, ses œuvres étant tout aussi « intranquilles » que lui, elles choquent, déstabilisent.