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Le pianiste Glenn Gould s'est très vite retiré de la scène parce qu'elle lui semblait représenter et condenser toute la violence cachée des hommes, leur désir de compétition et leur goût douteux pour la performance. Or la musique n'est ni un sport, ni seulement un art, mais une pensée active de toutes les dimensions de l'existence. Glenn Gould aura composé une oeuvre très originale, constituée autant de nombreux disques que d'articles et d'émissions de radio ou de télévision, pour promouvoir ce qu'il faut bien appeler une philosophie.
Dans sa cohérence et son esprit de conséquence, Glenn Gould apparaît comme un " Idiot ", un personnage singulier qui fait penser à celui de Dostoïevski : c'est pourquoi il inquiète et dérange aussi bien nos habitudes d'écoute et de langage que nos manières de penser en général, tout en ouvrant de nouveaux horizons à nos existences. Gould aura entrepris une philosophie de la technique, susceptible non pas d'asservir les hommes mais de leur rendre leur liberté ; il aura redonné, comme nul autre, à entendre et à relire le répertoire ; il aura fait apparaître, par sa logique et son humour, tous nos travers modernes.
C'est donc à la reconstitution possible de la pensée de Glenn Gould qu'on s'est attaché ici par des moyens délibérément philosophiques, bien loin des facilités courantes de l'anecdote ou de la manipulation des caractéristiques psychologiques. C'est alors la figure d'un grand penseur qui apparaît, à laquelle il convient désormais de donner toute sa place.