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Pour l'ethnocritique, Le Rêve – ce roman des Rougon-Macquart dont Zola voulait qu'il puisse être " mis entre toutes les mains, même les mains des jeunes filles " – est paradoxalement l'histoire de l'initiation inachevée d'une jeune fille. Analysant la construction d'Angélique Rougon en brodeuse et en lectrice de La Légende dorée, la réécriture de modèles génériques habituellement répudiés par le réalisme-naturalisme (le conte merveilleux et la légende hagiographique) ou encore la description des rites religieux, Marie Scarpa aboutit au constat que la femme en Angélique ne se " fait " pas.
Le Rêve ne raconte pas tant le destin d'une jeune fille, éphémère par définition, que celui d'une éternelle jeune fille, sacrifiée le jour de ses noces. Pour autant, Angélique n'est pas Iphigénie : au-delà de raisons propres à Zola et à son époque, c'est bien du roman moderne qu'il s'agit. Cet essai, qui pose l'hypothèse d'une homologie possible entre récit et rite de passage, fait de la jeune fille bloquée dans la marge adolescente un " personnage liminaire " et nous invite à une lecture renouvelée des genres narratifs, à la croisée de la poétique des textes littéraires et de l'ethnologie du symbolique.