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L'envie n'est pas la passion des faibles, des "basses classes", des pauvres, des impuissants, mais un affect universel, secret et pour une part inconscient. Aucun individu ne peut prétendre en être exempt. Aucune société, égalitaire ou inégalitaire, ne peut faire l'économie du problème de l'envie. L'ouvrage tente d'en cerner la complexité à travers les définitions successives qu'en ont données la philosophie grecque, la théologie chrétienne et la psychanalyse.
L'envie est au coeur des interrogations sociopolitiques, comme il ressort des oeuvres de Rousseau, Tocqueville, Michelet et Taine. La projection de l'envie joue également un rôle déterminant dans l'apparition d'un nouveau type d'héroïsme démocratique qui idéalise ce qu'on eût considéré comme de l'imposture sous l'Ancien Régime. Plus que la mélancolie, l'envie est le véritable "soleil noir" du siècle qui éclaire d'un jour menaçant les grandes démocraties en formation..
Avoir envie d'avoir envie d'avoir envie
L'envie n'est plus ce qu'elle était. Celle des sept du jeu de famille qui a le moins réussi.
Luxure pour les riches, les péchés capiteux. Avarice pour les gendelettres, les avaricieux. L'orgueil - mot francique - est d'un autre temps. Gourmandise, colère, paresse, voilà qui est bien de chez nous, de notre enfance, presque de nos rêves d'enfance.
Et l'envie, tiens donc ? On a tellement 'envie de' que ce capital de tous les péchés est le plus banal, le plus courant. Dépéchisé de chez dépéchisé. Comme on s'exprime de nos jours.
Fabrice Wilhelm sait avec brio redonner à l'envie toutes ses lettres de noirceurs. Moteur de toutes les moiteurs. Envie ou non, lisons ce livre qui place très haut ce boutefeu, jeu de tous les enjeux. Démocratiques. D'Ancien Régime. C'est dire que l'auteur qui convoque histoire du mot et acteurs du concept se place sur des hauteurs que l'on envie, certes. Rappelons nous. Ne pas se réjouir du malheur de l'outrage. Se réjouir du bonheur de l'ouvrage.