....un ensemble de choix à faire : quelle façon bizarre de voir les choses."(p108)
Un « petit » roman bien plus puissant qu'il n'y paraît... Ce portrait par petites touches à la manière des impressionnistes en peinture, d'une femme de notre temps, Elisabeth Costello, tout en finesse et en nuances, en subtilité, est beaucoup plus profond qu'on ne pourrait le croire au premier abord. Elisabeth Costello interroge, au crépuscule de sa vie d'écrivaine, l'identité de la personne humaine tandis que sa mémoire amorce son déclin ; la structure du livre suit les contours vertigineux de
cette question qui résonne jusque dans le destin des animaux dans nos sociétés civilisées. Le projet de construire un abattoir parfaitement transparent qui confère son titre au livre en est emblématique et rassemble en lui ce complexe de relations (dont celles avec la descendance, mises en scène avec brio) qui assigne à l'homme sa place sur terre - il fera ici office du testament qu'Elisabeth, après une carrière d'écrivaine, envisage de léguer à la postérité ….
On se souviendra au passage que Coetzee avait dans sa jeunesse obtenu une bourse au Texas pour étudier les lettres anglaises et écrire sa thèse sur Samuel Beckett, 30 ans avant « Disgrace » et que la lutte contre l'aliénation et la corruption préoccupent tant l'homme que le romancier ; mais c'est dans le lieu de l'intime, et celui de la famille proche, qu'elles ressortent ici encore, « discrètement »....Une lecture, sans prétention apparente, qui capte l'attention et donne beaucoup de plaisir....Un plaisir de lecture qui secoue le lecteur, tant il ébranle finement, mais efficacement, les préjugés entourant la notion de « bonheur » -ceux de l'époque, mais aussi ceux de l'espèce .. ? ... Coetzee n'a certes pas dit son dernier mot...
Un receuil de textes admirable
Un ensemble de courts textes où l'écriture de Coetzee toute en sobriété fait merveille. Les textes traitent avec beaucoup de finesse et un brin d'ironie du vieillissement, de l'écriture, des relations parent-enfants. Ils exposent une vision de l'homme pleine d'humilité, critiquant, non sans humour, la philosophie qui a voulu montré la supériorité de l'homme sur les autres espèces animales.