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Face aux passions du vin et de l’ivresse, les sociétés humaines sont parfois prises dans le tourbillon des transports alcooliques, à la recherche de l’extase, de la jouissance, de la guérison, de la magie, de la sorcellerie (cultures œnophiles), ou encore crispées dans la mortification ascétique et le refus sévère et intraitable de toute boisson enivrante (cultures oenophobes), ou, au milieu des deux extrêmes, dans une volonté d’équilibre et de modération (cultures oenotemperées).
La civilisation biblique s’inscrit dans cette dernière vision, mais elle n’est jamais à l’abri des intenses tentations païennes : orgies sexuelles en l’honneur des divinités étrangères, festins royaux exubérants et grandioses… Le monde judéen sera aussi en proie à un intense refus de l’alcool, des liqueurs de la faute et de la culpabilité. Entre ces deux dérives de l’excès et de la privation, la sagesse des traditionnaires juifs prône une difficile et exigeante attitude de mesure, une maîtrise des pulsions de jouissance et de punition.
Noé, Loth et ses deux filles, Nabal l’époux ivrogne de la belle Abigaïl, Holopherne, le tyrannique général décapité par l’héroïque Judith, témoignent d’une littérature où les nectars enivrants ont partie liée avec les passions les plus véhémentes de la condition humaine.