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Parlant des colonies, il a été plus souvent fait état du concept rassurant de "modernisation" que de celui de modernité, plus enrobé d'incertitudes. Et cependant les sociétés coloniales connurent les avances de la modernité telle que nous la percevons aujourd'hui, obsédée par l'érosion des solidarités anciennes, tout comme par la construction de "tribus" nouvelles. D'ordre racial, idéologique, culturel, etc., les "tribus" modernes des colonies ont combiné héritages anciens et constructions du temps présent, aussi hétérogènes les uns que les autres.
La collection d'essais rassemblés ici témoigne du travail de jeunes historiens qui, limités à la documentation accessible en Europe, ont abordé différents aspects de cette construction d'identités modernes dans l'espace colonial Congo-Belgique. Quelques thèmes ont été retenus. Celui des activités sociales nouvelles visant essentiellement la jeunesse (football, scoutisme, associations d'anciens élèves), celui des expériences de la vie urbaine quotidienne, à la fois melting pot et lieu de barrières et de transgressions.
Une direction également explorée fut celle des représentations dans différents domaines de la création. L'étude de l'architecture coloniale éclaire un lieu de négociations sans cesse renouvelées entre exigences du milieu local et contraintes héritées de l'Occident. Le contrôle de la musique congolaise dans l'horizon européen fut aussi un terrain d'affrontements entre programmes rivaux, celui du langage classificateur des musera et celui de la recherche souvent improvisée de décors exotiques ou métis.
La mise en scène par l'image joue un rôle essentiel dans l'histoire de ces itinéraires croisés.