Il est des livres qui sont comme des respirations dans ma vie, celui-ci en fait partie, qui raconte les promenades sur la plage de la narratrice et de son amoureux ; qui raconte sa déambulation dans Paris une nuit à la rencontre d'amie mais aussi d'inconnus.
Elle cherche un sens a un sourire ; une explication à un geste qui n'en aura jamais ; elle fait le point sur son amour.
Sous un ciel d'orage, un ciel de pluie.
J'ai aimé cet errement profond de l'héroïne qui met en mots ce que son amoureux met en images.
J'ai aimé cette idée de départ : un sourire, un geste peut bouleverser
notre quotidien et nous faire, enfin, pleinement vivre.
C'est très beau, et c'est ce que permet la littérature et la très belle plume de l'auteure, découverte avec "Le canapé rouge".
L'image que je retiendrai - une citation, pour une fois :
"Son sourire vous a donné quelque chose qu'il faut garder".
« Pluie d'enfance. Aujourd'hui encore, je la sens sur la peau, j'en frissonne ... »
La prose de Michèle Lesbre possède une musicalité troublante et les paysages mentaux qu'elle décrit sont comme de grandes voiles déployées au large de l'inconscient qui viennent jeter l'ancre dans l'océan de notre âme. Comment ne pas être bouleversé par la fragilité de cette femme lancée dans une fugue éperdue pour remonter le fil de sa vie, à rebours du drame qui stigmatise une longue suite d'actes manqués ?
Dans une ultime confidence, elle évoque la douce litanie des souvenirs enfuis : la rondeur confiante de l'enfance, la tiédeur du cœur après l'amour, le visage de l'absent pour qui les mots ne sont jamais à la hauteur, le passage du temps qui sépare les êtres, inexorablement.
D'une simplicité vibrante de poésie, ce roman est habité par l'urgence de vivre pleinement l'instant face à notre inéluctable finitude.