Ce sont des hommes âpres, brutaux, avares de paroles et de sentiments que met ici en scène John Steinbeck. Des hommes qui ne connaissent de l’amour que des étreintes furtives dans des bordels, et qui n’ont pour toute demeure que les ranchs où ils sont embauchés pour quelques mois. Mais Lenny a Georges, et Georges a Lenny. Et en commun un rêve de liberté et de ferme prospère, où ils vivront sans contraintes. Un rêve qui se verra empêché de la plus horrible manière. John Steinbeck ne porte aucun jugement sur ses personnages, il se contente de raconter l’histoire, simplement, en
un témoignage brut et précis. Et ce détachement, cette absence d’émotion dans la narration, rend ce court roman d’autant plus violent, cru, impitoyable. Il n’y aucun filtre entre le récit et le lecteur, rien qui puisse amoindrir la douleur causée par ce dénouement atroce, par le geste de Georges qui est tout à la fois une trahison et un ultime geste d’amour et de sacrifice. Ce grand classique, élevé au rang de chef d’œuvre, est une lecture indispensable.