Lors d’un vide-grenier, Claire Michaud-Destriau a été attirée par une boîte en fer. A l’intérieur, des cassettes audio étaient entreposées, sans indication de leur contenu. Le vendeur ne savait pas ce qui était enregistré. Quelques années plus tard, en faisant du rangement, l’auteure est retombée sur cette boîte en fer. Intriguée par ces cassettes alignées et numérotées, elle s’est procuré un lecteur de cassettes : « sur les enregistrements, la voix fluette d’une jeune femme monologuait. » (p. 14) Emue par le témoignage poignant de Tess, Claire Michaud-Destriau a
décidé de nous le confier. Elle a conservé la temporalité des confidences, a respecté l’enchaînement des évènements, mais a ajouté son style et une mise en forme personnelle. Elle a « choisi de glisser des extraits, et ainsi permettre à la véritable auteure de reprendre la main sur la narration. »(p. 15)
Tess allait sur ses onze ans, quand un accident lui a enlevé sa famille. Son père, sa mère et sa sœur aînée sont décédés. Elle a été la seule rescapée. Comme toutes les semaines, ils avaient passé le week-end dans leur résidence secondaire, en Ariège. Alors qu’ils rentraient chez eux, à Toulouse, une dispute a éclaté entre ses parents. Tess a saisi que sa sœur était l’objet du débat, avant que son père, ivre de colère ne se retourne et perde le contrôle de son véhicule. Elle a été recueillie par ses grands-parents et a traversé son adolescence, sans tendresse, auprès d’une grand-mère au caractère acrimonieux et un grand-père silencieux. Elle n’a pas pu exprimer son chagrin et a gardé ses émotions enfouies.
Près de douze ans après le drame, elle décide de retourner dans la maison familiale. La démarche peu assurée et le cœur qui bat, elle entre dans la bergerie ariégeoise. Au début, elle n’ose pas toucher aux souvenirs de ses proches disparus. Puis, elle se laisse apprivoiser par le passé. Au fil de ses découvertes, celles que sa grand-mère, au moment du deuil, ne lui a pas permis de faire, elle étudie les objets qui ont échappé au tri. Ceux-ci délivrent un message différent de celui dans lequel elle s’est confortée pendant toutes ces années. « Quand on est enfant, on n’analyse pas. Le monde est binaire ; il y a les méchants contre les gentils, le blanc et le noir. En devenant adulte, on plonge subitement dans la réalité, avec toute sa palette de nuances insoupçonnées. » L’adulte perçoit des éléments que la préadolescente n’avait pas relevés. Des traits, une bouteille, une gourmandise prennent une autre signification, ouvrant la voie à des questionnements qu’une enfant ne pouvait envisager.
J’ai été très touchée par Tess. Elle est seule pour affronter des secrets douloureux. Avec courage, elle reçoit des révélations qui transforment ses souvenirs ; malgré son abattement, elle poursuit ses recherches. Cette confrontation entre sa mémoire et la réalité est éprouvante, mais elle est aussi le chemin vers sa reconstruction. En effet, la jeune femme vit, depuis de nombreuses années, avec le syndrome du survivant. J’ai, également, apprécié que l’auteure respecte la chronologie et la forme du témoignage de Tess. Cependant, j’ai aimé qu’elle y ajoute sa sensibilité. J’ai adoré la douceur de sa plume et sa virtuosité à transmettre les émotions. Enfin, l’ajout des mots originaux de Tess apporte une authenticité émouvante au récit. J’ai adoré Des ombres sur les pierres.
De douloureux secrets
Lors d’un vide-grenier, Claire Michaud-Destriau a été attirée par une boîte en fer. A l’intérieur, des cassettes audio étaient entreposées, sans indication de leur contenu. Le vendeur ne savait pas ce qui était enregistré. Quelques années plus tard, en faisant du rangement, l’auteure est retombée sur cette boîte en fer. Intriguée par ces cassettes alignées et numérotées, elle s’est procuré un lecteur de cassettes : « sur les enregistrements, la voix fluette d’une jeune femme monologuait. » (p. 14) Emue par le témoignage poignant de Tess, Claire Michaud-Destriau a décidé de nous le confier. Elle a conservé la temporalité des confidences, a respecté l’enchaînement des évènements, mais a ajouté son style et une mise en forme personnelle. Elle a « choisi de glisser des extraits, et ainsi permettre à la véritable auteure de reprendre la main sur la narration. »(p. 15)
Tess allait sur ses onze ans, quand un accident lui a enlevé sa famille. Son père, sa mère et sa sœur aînée sont décédés. Elle a été la seule rescapée. Comme toutes les semaines, ils avaient passé le week-end dans leur résidence secondaire, en Ariège. Alors qu’ils rentraient chez eux, à Toulouse, une dispute a éclaté entre ses parents. Tess a saisi que sa sœur était l’objet du débat, avant que son père, ivre de colère ne se retourne et perde le contrôle de son véhicule. Elle a été recueillie par ses grands-parents et a traversé son adolescence, sans tendresse, auprès d’une grand-mère au caractère acrimonieux et un grand-père silencieux. Elle n’a pas pu exprimer son chagrin et a gardé ses émotions enfouies.
Près de douze ans après le drame, elle décide de retourner dans la maison familiale. La démarche peu assurée et le cœur qui bat, elle entre dans la bergerie ariégeoise. Au début, elle n’ose pas toucher aux souvenirs de ses proches disparus. Puis, elle se laisse apprivoiser par le passé. Au fil de ses découvertes, celles que sa grand-mère, au moment du deuil, ne lui a pas permis de faire, elle étudie les objets qui ont échappé au tri. Ceux-ci délivrent un message différent de celui dans lequel elle s’est confortée pendant toutes ces années. « Quand on est enfant, on n’analyse pas. Le monde est binaire ; il y a les méchants contre les gentils, le blanc et le noir. En devenant adulte, on plonge subitement dans la réalité, avec toute sa palette de nuances insoupçonnées. » L’adulte perçoit des éléments que la préadolescente n’avait pas relevés. Des traits, une bouteille, une gourmandise prennent une autre signification, ouvrant la voie à des questionnements qu’une enfant ne pouvait envisager.
J’ai été très touchée par Tess. Elle est seule pour affronter des secrets douloureux. Avec courage, elle reçoit des révélations qui transforment ses souvenirs ; malgré son abattement, elle poursuit ses recherches. Cette confrontation entre sa mémoire et la réalité est éprouvante, mais elle est aussi le chemin vers sa reconstruction. En effet, la jeune femme vit, depuis de nombreuses années, avec le syndrome du survivant. J’ai, également, apprécié que l’auteure respecte la chronologie et la forme du témoignage de Tess. Cependant, j’ai aimé qu’elle y ajoute sa sensibilité. J’ai adoré la douceur de sa plume et sa virtuosité à transmettre les émotions. Enfin, l’ajout des mots originaux de Tess apporte une authenticité émouvante au récit. J’ai adoré Des ombres sur les pierres.