La narration alterne entre le récit de Narcisse, jeune marin abandonné sur une côte déserte, et les lettres qu'Octave envoit au Président de la Société de Géographie.
Au fil des chapitres, nous découvrons comment Narcisse a cru mourir de faim et de soif au milieu d'une nature luxuriante mais dont il ne savait lire les codes ; comment il a été recueilli et soignée par une tribu ; et comment, peu à peu, il en a appris les us et coutumes jusqu'à en oublier sa langue.
En parallèle, Octave raconte au Président de quelle façon il a fait connaissance avec ce "sauvage blanc" ; comment
il a découvert son identité ; ainsi que les avancées de sa "transformation" en homme civilisé, capable de rencontrer et de converser avec l'impératrice Eugénie.
Bien sûr, tous les clichés du XIXe siècle sont présents : Narcisse n'est qu'un petit marin qui s'est laissé corrompre par les sauvages ; le bel esprit domine la très scientifique Société de Géographie française qui, au contraire de nos amis les anglais, n'a pas su donner tout son sens et son importance à cette découverte.
Octave lui-même veut absolument que Narcisse occupe un emploi en France, allant jusqu'à payer des recherches en Australie pour retrouver les enfants de Narcisse qu'il baptise lui-même. Jamais il ne se demande si Narcisse n'aurait pas aimé retourné auprès de ses enfants....
Ce "sauvage blanc" est à l'image de la tribu qui l'a hébergée et nourrit et fait sien : discret, peu bavard, secret, mais en total communion avec la nature.
Un roman que j'ai beaucoup aimé, un coup de coeur.
coup de coeur2-3
L'image que je retiendrai :
Celle de l'unique repas de la tribu, en fin de journée, lorsque le soleil s'est caché et qu'il fait frais. Un repas cuit dans la terre, sorte de "bougnat".
Un "bon sauvage"?
Inspiré d'une histoire vraie, ce livre a obtenu de façon tout à fait méritée le prix Goncourt du premier roman en 2012. Il relate l'aventure de Narcisse Pelletier, jeune matelot oublié par son équipage à l'âge de 14 ans au large de l'Australie. "Adopté" par une famille aborigène et désormais accoutumé à leurs moeurs, il est récupéré 17 ans plus tard contre son gré par des marins anglais qui le ramènent en Europe. Il doit alors réapprendre (non sans difficulté) toutes les habitudes de la vie occidentale...Aventures, exotisme, alternance des points de vue et réflexion philosophique font de ce roman un récit captivant et moderne.