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Au début de la chanson d'Aymeri de Narbonne, la chrétienté est terriblement affaiblie, après le désastre de Roncevaux. Elle est minée par le retour de l'individualisme et les doutes sur l'avenir : c'est la fin d'un certain ordre du monde. Néanmoins, la chanson est un exemplum en matière d'héroïsme et de morale, grâce au pouvoir de séduction des héros narbonnais qui sont à la base d'une expansion radieuse : chant à la gloire de la vie qui succède au désastre mortel de la Chanson de Roland.
Aymeri instaure de nouvelles valeurs, en affirmant la supériorité de l'univers chevaleresque sur le monde des marchands. La chanson se distingue par ses qualités littéraires : respect de la gloire, place réservée à l'aventure et à l'amour, légèreté et finesse parodiques, irruption inattendue d'écarts souriants ; certaines scènes, par le raffinement et la délicatesse, sont teintées d'une atmosphère courtoise.
Le poète a tissé un ensemble cohérent à partir de plusieurs pièces épiques, réunies en une sobre composition. L'univers des mythes et des symboles est une composante essentielle de diverses scènes emblématiques dont le piquant tranche par rapport au sérieux des habitudes épiques. En définitive, Aymeri et Hermenjart constituent l'âme généreuse de cette épopée créatrice, fondée sur un élan d'une ambitieuse nouveauté, au style séduisant et d'une pétillante vivacité.