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“Chaque année, six millions de pèlerins cheminent vers la basilique de Guadalupe, près de Mexico. Construite au XVIIe siècle sur les ruines du temple de Tepeyac, ancien lieu sacré de la déesse aztèqueTonantzin, cette église symbolise le passage des anciennes civilisations vers la colonisation espagnole. La Vierge y fit plusieurs apparitions et son image est devenue extrêmement importante pourles Mexicains.
Lors de ce pèlerinage, les fidèles décrochent la représentation de cette Vierge qu’ils ont chez eux, quel que soit le support – statue, peinture, tapisserie – et la transportent sur le lieu saint pour qu’elle y soit bénie.L’approche d’Alinka Echeverría, jeune artiste mexicaine en résidence à l’Ecole nationale de la photographie d’Arles cette année, est exemplaire : tous les personnages (trois cents) ont été photographiés cheminant avec leur trophée, puis détourés pour que ne reste qu’une silhouette de dos avec son précieux fardeau.
Santons sans visages, mannequins occasionnels ou simples voyageurs porteurs d’un vaste écusson ? Nul ne le sait s’il n’est informé, car la décontextualisation voulue par l’auteur permet de s’attacher aux attitudes individuelles, à ces corps porteurs non pas d’une pénible et lourde croix, maisd’une Vierge vénérée. L’accumulation des personnages, la beauté et l’étrangeté de leur harnachement constituent une série exceptionnelle qui permet de visualiser la démesure de cette croyance, la beauté du geste et sans doute la métaphore du surréalisme mexicain.” Texte d’Agnès Sire, conseillère artistique 2011 du Prix HSBC pour la Photographie