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"Le féminisme m'a fait jouir. Comme jamais. De mon indépendance. De ma liberté. De mes choix. De mon sexe, féminin. De mon corps tout entier. Il m'a ramassée, centrée, reconstituée : les pieds, la tête, le coeur, le ventre, tout à coup, ça faisait bloc. Parce que tout faisait sens. Solidement ancrée dans la terre ferme, j'étais insubmersible et j'étais sûre. Je savais où j'allais, je savais pourquoi j'y allais.
Le féminisme m'a tenue droite, et il m'a mise en marche. Vers un "moi" plus dense, plus juste, plus complet : celui qui peut dire "je", celui qui sait dire "nous". Parce qu'il sait dire non, alors il peut dire oui. Affirmer une identité, des refus, un objectif, des envies. Tracer ma route, sauter dans les flaques. Ne pas le faire seule. Avec celles qui m'ont précédée, celles qui me tiennent la main, celles qui nous suivront.
Les féministes ont la créativité des opprimées, l'humour des estropiées, et l'insolence des affranchies. Le féminisme m'a fait rire".