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Dans L'Antéchrist, au titre volontairement équivoque, le Christ est étrangement épargné, tandis que la charge vise les "chrétiens" . Le christianisme, dit Nietzsche, est une invention de l'apôtre Paul, qui falsifie la "bonne nouvelle" du Christ pour en faire une "foi" , le "mensonge sacré" d'une morale de la négation de la vie sous le symbole de la Croix : "Ce qui est chrétien, c'est la haine contre l'esprit, contre la fierté, le courage, la liberté, le libertinage de l'esprit ; ce qui est chrétien, c'est la haine contre les sens, contre les joies des sens, contre la joie tout court...
" Bien plus qu'un pamphlet antireligieux et anticlérical, ce livre est une critique implacable et une généalogie de la morale, des idéaux du prêtre ascétique, de la "foi" . Ces croyances, selon Nietzsche, persistent dans l'athéisme des "libres penseurs" , et le "christianisme" se survit dans les "idées modernes" , la foi dans la morale, la "vérité" , le progrès, l'esprit de troupeau. Nietzsche, sans le connaître véritablement, y inclut ce qu'il appelle "socialisme" , qui escamote la réalité pour lui substituer des idéaux négateurs, grégaires, moralisateurs et nationalistes inspirés par la "volonté de vengeance" des "faibles" .
Cet avatar du "christianisme" fait étrangement songer à ce qu'on appelle aujourd'hui populisme ou fascisme.