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Longtemps le judaïsme ancien fut considéré comme une préparation au christianisme ; les manuscrits de Qoumrân ont d'abord été lus comme les premiers balbutiements d'un évangile naissant. Plus de quarante ans après les découvertes de la mer Morte, l'archéologie et l'étude scrupuleuse des textes rendent caduque une vision "christianocentrée" de l'histoire du judaïsme. Quand la société juive est confrontée à la colonisation grecque et à la puissance romaine, son identité est en crise, le lien social menace de rompre.
Pourtant, si l'on fait le choix de l'histoire lente et des structures profondes, si, par delà les élites politiques et les scribes, on interroge les anonymes et les sans-grade, alors parmi les institutions qui maintiennent la cohésion sociale apparaît en premier lieu le Temple : non seulement le Temple comme édifice, avec ses prêtres et ses pèlerins, sa police et ses cuisines ; mais aussi le Temple comme pensée, avec ses catégories du pur et de l'impur, du sacré et du profane, qui s'étendent au-delà des limites du sanctuaire à l'ensemble du pays, de l'autel sacrificiel jusqu'aux tables quotidiennes.
Les premiers à avoir définitivement rompu avec l'institution et les rites qui faisaient le socle de l'identité juive ne sont ni les esséniens de Qoumrân ni Jésus et les convertis du judaïsme, mais Paul et les chrétiens de la gentilité. Ce qui prend fin le 29 août 70, quand le vent de l'histoire souffle en tempête, quand traditions et coutumes sont brisées, c'est le Temple de Jérusalem comme lieu de rassemblement de tout le peuple juif.
Mais au-delà de cette fin, quand se reforme le judaïsme, demeure la pensée du Temple.