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Au nom de la lutte contre l'Etat d'Israël, les attentats se sont multipliés ces dernières années, en Europe notamment, contre des personnes et des institutions juives. Dans les pays arabes, les diatribes et les pamphlets se multiplient contre les Juifs au titre de l'antisionisme : il n'est ainsi pas rare d'y relire les accusations de déicide autrefois lancées par la chrétienté contre les Juifs, ou les pires élucubrations raciales telles que l'Europe en connut à partir du XIXe siècle ; il est banal d'y voir le génocide nazi minimisé, nié, voire justifié.
Aussi Bernard Lewis, orientaliste de réputation mondiale, a-t-il voulu répondre raisonnablement à la question : quelle place occupe dans le conflit israélo-arabe l'antisémitisme _ cette haine quasi-viscérale qui, par-delà des divergences politiques évidentes et même un rejet de l'autre, normal en temps de guerre, fait des Juifs une incarnation diabolique du mal par excellence ? Grâce aux perspectives historiques, religieuses et culturelles, l'auteur éclaire les notions de Juifs et de Sémites, de Judaïsme et d'Islam, de sionisme et d'antisémitisme.
Il révèle les grandes inflexions de l'époque contemporaine : à partir de la Deuxième Guerre mondiale et des agissements de l'Allemagne hitlérienne en pays arabes, les terres d'Islam sont contaminées par un antisémitisme européen destructeur, contre lequel elles étaient jusqu'alors immunisées. Avivé par les défaites face à Israël et par le drame palestinien, l'antisémitisme, qui empoisonna une chrétienté qui en a désormais honte, a-t-il définitivement infecté le monde arabe ? A moins qu'un dialogue israélo-arabe courageusement accepté de part et d'autre ne vienne briser la dangereuse spirale de la haine qui guette déjà chacun.
Bernard Lewis est professeur à l'université de Princeton.