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En 1995, quelque part dans la campagne anglaise, un garçon surnommé Shy mène la bataille la plus éprouvante qui soit, celle de la dernière chance. Violent, décrocheur scolaire, il est envoyé dans une résidence pour mineurs délinquants implantée dans un manoir du XVIIe siècle, classé au patrimoine, et que dirige une équipe de jeunes travailleurs sociaux. L'École de la Dernière Chance, victime des promoteurs, va bientôt fermer.
Shy décide de s'évader au milieu de la nuit, de laisser derrière lui cet endroit peuplé de jeunes diables - tantôt amis d'infortune, tantôt tortionnaires - et de s'enfoncer dans la mare voisine lesté de plusieurs kilos de pierres accrochées au dos. Au bout de la nuit, Shy se retourne alors sur sa courte vie. Max Porter plonge, avec son écriture si singulière, dans la spirale d'un gamin quela société rejette, mettant à nu, avec une lucidité poignante - et bouleversante -, cette triple fracture à l'origine de l'échec à répétition, de la souffrance profonde et tenace, qui vous colle comme une deuxième peau.
Un livre saisissant sur cette façon dont les mots nous sauvent ou nous tuent. Comment survivre lorsqu'on vous retire votre dernière chance ?
Laissez-vous porter !
Est-ce que Shy est du niveau de La douleur porte un costume de plumes ? Pas sûr. Mais c'est uniquement parce que ce dernier se place très très haut.
On retrouve la même écriture fragmentée, qui passe d'une chose à l'autre, bondit d'une pensée à l'autre dans le monologue interne. La ponctuation, la mise en page, rien à quoi vraiment se raccrocher, alors on se laisse porter, flotter, comme Shy à la surface de l'étang, et finalement, c'est bon. Avec Max Porter, on a pas besoin de ponctuation, on sait qui parle: aucun doute sur les mots qui reviennent hanter le personnage, tant il est réel. Il a un petit air de Holden, ce Shy, et on a envie qu'il s'en sorte.