Dans "Regarde", le lecteur retrouve avec plaisir la bande improbable du dépôt-vente de Montreuil qui sont les héros du roman précédent "Sauf".
Mathieu, Anna, Mylène, Gary vont cette fois se mobiliser pour venir au secours de Mylène. Mylène dont on connait la vie de bourgeoise et dont on apprend les errements qui l'ont conduit à faire de la prison pour l'amour de Pascal Kopinski, un jeune musicien, batteur, de 20 ans son cadet dont elle est tombé folle amoureuse.
Hélas, ce dernier n'est plus, sauvagement assassiné par un compagnon de cellule.
Le style de Commère nous emporte dès
les premières lignes. Comme une bourrasque. Il nous conduit aux confins des personnalités.
Doit-on payer le bonheur que l'on a connu dans sa vie passée ? Peut-on revenir sur ses erreurs ? Un démiurge sadique s'ingénie-t-il à nous mettre à l'épreuve ? Se disent-ils. En un mot peut-on changer de vie sans risques ?
Mylène, comme Mathieu dans Sauf, est contrainte par des événements inattendus, de revisiter son passé.
Qui se joue d'elle ? Pascal est-il vivant, et si oui pourquoi lui aurait-il menti ? Pour quelles raisons ?
Gary le gitan affirme toujours, « — Il n'y a que deux mobiles, (…) L'amour ou l'argent. » et se dit prêt à mobiliser la communauté tzigane de France de Suisse et de Belgique pour aider Mylène.
L'histoire ne serait rien sans la précision du style de Commère : il ausculte les situations et montre comment elles déterminent les motivations des personnages.
Une phrase revient souvent dans la bouche de Gary qui accompagne Mylène de Paris à Lille, dans le Lot et jusqu'au Pont de Montvert dans les Cévennes.
"C’est facile avec les pauvres. Tu peux leur faire faire n’importe quoi, fulmine-t-il."
Un esprit malfaisant et manipulateur toujours en avance d'une action, sème des indices troublants faisant référence au passé de Mylène avec Pascal.
Mylène finit par douter. Qui était Pascal ? Pourquoi l'a-t-il séduite ? Pourquoi s'est-elle laissée séduire ? Cette histoire a-t-elle une origine autre que l'amour ? S'est-on joué d'elle ? S'est-on joué d'eux , Et si oui pour quelles raisons ?
Elle est décidé à aller jusqu'au bout de ses recherches, n'hésitant pas à mobiliser ses amis mais aussi l'inspecteur Dagan dont on retrouve ici le flegme distant et la compassion discrète.
"Dagan, avant que nous quittions son bureau, m’a mise en garde :
— Je vous ai dit de faire attention à vous et je vous le répète. Et ça ne signifie pas seulement prendre soin de vous. Montrez-vous méfiante. Quelqu’un vous observe."
Mais que trouvera-t-elle à l'issue de sa quête. Son amour perdu ou une désillusion plus grande encore ?
Plus que jamais c'est l'amitié et le support de ses amis qui la conduira sur les routes de France.
"Le vertige m’a gagnée. Les pièces d’un puzzle diabolique se mettaient en place les unes après les autres autour de moi, construisant la cellule dans laquelle prendraient fin mes jours. Mourir sans savoir, traquant jusqu’au bout la clé, le qui, le comment, le pourquoi."
Regarde est une contremarque de Sauf, pourtant si on y retrouve les personnages et une philosophie identique, on éprouve le même niveau de plaisir. Pas de redites mais une approche différente et complémentaires des personnages et des situations.
Hervé Commère fait avancer le récit en surprenant le lecteur au fur et à mesure de son déroulement.
Bravo M Commère.
A quand un troisième opus dans la même veine ?
Regarde derrière toi...
Hervé Commère...
Regarde...
Ouvrir un livre de cet auteur est toujours pour moi une grande source de plaisir.. très réceptive au style de cet auteur.
Un polar psychologique sans bavure... Dès le début de cette histoire je suis entrée dans la peau de Mylène. Des pistes à suivre... des impasses...
Qui cherche à lui nuire? Quel fantôme la poursuit...
Une lecture d'une journée..
Quel bon moment.. et cerise sur le gâteau, une nouvelle en cadeau: grain de sable.. de quoi finir en beauté ...