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En France, il existe deux presses. La première, - héritière, à la Libération, de celle issue de la Résistance -, se considère comme un service public, usager d'un autre service public, La Poste. Elle gère des structures coopératives - pour la distribution ou l'achat de papier - qui bénéficient de situations de monopole. Elle est structurée en petites entreprises, indépendantes, mais insuffisamment capitalisées.
De plus, la stagnation de ses ventes assombrit ses perspectives d'avenir. La seconde - formée autour de la presse magazine - se veut une industrie. Elle est, soit structurée au sein de groupes, parfois multimédias, soit adossée à des conglomérats d'entreprises dont elle ne constitue qu'une activité accessoire. Davantage que des subventions, elle réclame un véritable droit de la concurrence, des relations de client à fournisseur avec La Poste, ainsi qu'un environnement législatif lui permettant d'évoluer vers le multimédia.
En 1997, les aides publiques à la presse totalisent plus de 8, 7 milliards de francs, soit 12 % de son chiffre d'affaires ; pourtant, les critiques concernant ces aides pleuvent de tous côtés, et chacun s'accorde à reconnaître que l'ensemble du système est inadapté, inefficace, et qu'il entraîne des effets pervers. En cette fin de siècle, la situation de la presse française est donc inquiétante ; elle l'est par l'ankylose de certaines de ses structures de fabrication et de distribution ; elle l'est aussi par l'influence qu'exerce l'État sur la répartition des recettes publicitaires et celle de La Poste, enfin sur ses dépenses de transport.
L'affaire est importante, puisque la presse participe à la formation de l'opinion publique et que son indépendance financière est nécessaire au bon exercice de ses responsabilités ; c'est pourquoi fragiliser la presse revient à fragiliser la démocratie.