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La préoccupation centrale de cet ouvrage est l'analyse des formes et des effets du pouvoir spatio-économique. D'un point de vue théorique, elle constitue une remise à l'honneur de la théorie de la polarisation élaborée dans les années 1950. L'œuvre perrouxienne est alors mise en perspective avec les travaux récents de l'économie industrielle et de l'analyse " classique " de la concurrence imparfaite, enrichis des apports des analyses historique et stratégique, et du renouveau de l'économie spatiale qui met l'accent sur le poids de la territorialité.
Cette analyse multidisciplinaire débouche alors sur une nouvelle formulation de la polarisation spatio-productive, entendue comme la dynamique des rapports de puissance entre acteurs et territoires inégalement dotés et aux stratégies différenciées. La mise en perspective historique des économies-monde successives, la formidable métropolisation et le rôle-clé joué par les firmes multinationales confortent le processus actuel de " polarisation réticulaire " des espaces économiques.
Dans ce monde glocalisé émergent donc des systèmes productifs locaux aux formes et forces typiques qu'il importe de spécifier. Résurgences ou apparitions récentes, les districts industriels, les milieux innovateurs, les technopoles et autres " espaces serviciels " sont ainsi immergés dans des réseaux de firmes-réseaux. D'un point de vue empirique, la dynamique des régions et des systèmes productifs français et européen est étudiée.
Tout d'abord, les régions et secteurs moteurs sont mis en évidence sur moyenne période (1980-96) à partir d'une analyse multi-critères avant qu'une analyse économétrique ne clarifie les processus endogènes à l'origine de la convergence des productivités du travail au niveau agrégé et de leur divergence au niveau sectoriel (en particulier pour l'industrie) et au niveau local, à partir de nombreux déterminants macrostructurels tels l'investissement, l'emploi, la R & D, le " capital humain "..., et des effets sectoriels de composition.
Parallèlement, dans une perspective d'économie géographique, le rôle majeur joué par les régions-capitales, la proximité du cœur européen et les économies d'agglomération sont quantifiés. Ensuite, à partir de l'application de chaînes de Markov, des clubs départementaux français sont mis en évidence et leur évolution étudiée. Enfin, la diffusion différenciée de l'influence structurale est caractérisée au travers de la reconstitution de deux tableaux d'échanges interindustriels interrégionaux français qui mettent en lumière la primauté francilienne et la tendance à l'autonomisation régionale.
Il apparaît ainsi que l'émergence d'" archipels économiques " précisément localisés et de " clusters " régionaux favorise une " fractalisation " des territoires, et donc l'apparition d'une " périphérie interstitielle ". La dynamique cumulative de ces nouveaux systèmes spatio-productifs résulte de l'appartenance et de la position nodale de leurs principaux acteurs au sein de " réseaux coopétitifs ".
D'où le dilemme qui se pose aux politiques industrielles et d'aménagement du territoire entre la nécessité de renforcer les positions acquises et la volonté d'une répartition plus égalitaire. La solution se situe peut-être dans un arbitrage temporel accordant la primauté aux " rendements croissants d'agglomération " ex ante (" past-, path- et place-dependencies ") et à une solidarité spatio-productive ex post.
Cette mise en valeur de pôles de compétitivité correspond à ce que nous appelons la " divergence productive encadrée ". Ce livre fournit les éléments fondamentaux de l'économie industrielle spatiale actuelle et confronte les principaux résultats empiriques à de nouvelles applications originales. Son approche multi-disciplinaire convient particulièrement bien aux étudiants de Master en économie géographique et analyse stratégique.