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Quand la philosophie se penche sur la condition humaine plutôt que de voltiger dans le ciel des idées, et qu'elle interroge les possibilités d'une « vie bonne » pour en faire son but explicite, alors la philosophie politique naît, soulignait Léo Strauss. Quand la philosophie politique se porte au chevet de la condition humaine, épaulée d'une histoire des mentalités et des apports d'une anthropologie non lénifiante, celle explorée par Sigmund Freud, elle devient clinique.
L'objet central de celle-ci est alors cet « animal parlant », tel que les sagesses antiques d'Athènes et Jérusalem définissaient essentiellement l'Homme : zoon phonanta et haï medaber. Une spécification axiale qui s'est perdue, progressivement remplacée par la conception dévoyée d'« animal social ». Mais c'est là un fourvoiement qui n'a servi qu'à sociologiser les humains pour mieux les domestiquer en masse.
Clinique, la philosophie retrouve sa vocation inaugurale, en replaçant le langage au cour de la condition humaine : elle redevient capable d'affronter les fracas mortifères récurrents de notre espèce. Tel est le motif du présent essai.