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La pensée-Nietzsche introduit une coupure radicale dans notre savoir et notre pratique de la politique. Nietzsche découvre un continent spécifiquement politique, irréductible à celui de l'histoire. Il substitue à la corrélation de l'histoire et de l'économie, la corrélation des rapports de pouvoir et de la libido, comme force productive principale. Ce nouvel objet définit un nouveau savoir, tout aussi irréductible au matérialisme historique : la duplicité d'une politique fascisante manifeste, et d'une politique révolutionnaire latente, ayant pour objet le continent politique.
Nietzsche est ainsi le seul adversaire sérieux de l'impérialisme et du fascisme, parce qu'il se donne les moyens de les combattre sans les falsifier. C'est cette politique révolutionnaire, en tant que limite de destruction de la domination des forces productives comme techniques, à la fois de la métaphysique et du capitalisme, que Heidegger manque dans sa réduction de la politique nietzschéenne à sa surface impérialiste : Nietzsche, penseur de la technique absolue.
Par un quiproquo continu, où il tombe dans le piège de la duplicité nietzschéenne, Heidegger confond les possibilités révolutionnaires latentes de la volonté de puissance avec le techno-logos fascisant que Nietzsche dut tenir aussi pour l'abattre. La politique nietzschéenne est le remède à l'impuissance politique marxiste.