Servie par l'écriture romanesque de Stefan Zweig mais très finement documentée, voilà le lecteur parti sur les traces d'un homme intrépide, volontaire, passionné, navigateur hors pair.
Portugais de petite noblesse, c'est pour et avec ce pays qu'il fera ses premières armes. En tant que simple marin, il apprendra sous le commandement de l'amiral Almeira, combattra en mer, aux Indes ; sera plusieurs fois blessé ; montrera sa bravoure en sauvant la flotte royale ainsi que son frère d'armes Serrào.
La mer, la route des épices, il connaît, se passionne pour. Il cherche, lit de vieux
récits, potasse de vieilles cartes et c'est ainsi que naîtra son idée de faire le tour du monde en partant par l'ouest et non par l'est et le cap de Bonne espérance, comme cela se pratique alors. Il pressent un passage, l'entrevoit sur les cartes...c'est bien plus tard qu'il s'apercevra à quel point elles sont fausses, même si son pressentiment était juste.
Aller à l'ouest pour rejoindre le Pacifique, personne n'y est arrivé mais fort de son expérience et de sa passion, il se présente à la cour devant le roi Manoel. Ce dernier ne veut rien entendre. Il faut dire que Magellan n'a rien d'un courtisan, ni dans ses manières, ni dans ses dires car il ne sait pas être hypocrite, jouer des coudes et des sourires.
Il abandonnera son pays natal pour se rendre en Espagne où sa patience finira par payer. Il montera une expédition avec 5 navires et 250 hommes, sous l'égide du roi Carlos 1er (Charles Quint).
Le récit tant du montage de l'expédition que du périple en lui-même est haut en couleurs, plein de rebondissements, passionnant. On le dévore comme le meilleur des romans d'aventures. On est là, à bord du bateau amiral, déplorant les altercations avec les 3 capitaines Espagnols ; on vibre au rythme des flots, des grains, des tempêtes ; on hurle parfois à l'incompréhension ; on se rebiffe devant l'injustice ; on craint sa rudesse ; on a peur du renoncement...
...d'entêtement et d'audace, il n'en manque point. Alors même si l'on déplore son caractère, on salue son opiniâtreté et malgré le froid,la faim, la mutinerie on ne peut que louer son exploit, admirer sa façon d'entrer en contact avec les indigènes, son intelligence qui lui permet de les convaincre au christianisme et au roi d'Espagne sans que le sang ne soit versé.
Ce livre est aussi le témoignage de la rudesse de la mer, d'une époque, de la trahison, de la versatilité des hommes, de leur besoin de reconnaissance et de l'injustice ... heureusement que la postérité gardera le nom de Magellan pour ce détroit, guère emprunté aujourd'hui encore, que ses contemporains ont lâchement passé sous silence.
C'est pourtant à Fernào de Magalhàes que l'on doit le premier tour du monde, la certitude que la terre était bien ronde et à son expédition que l'on doit la découverte du décalage horaire !
Magellan est le genre de personnage, audacieux et à la volonté inflexible, que l'écrivain autrichien affectionne tout particulièrement.
Une personnalité différente eut-elle pût découvrir le passage conduisant de l'océan Atlantique à l'océan Indien (l'océan "Pacifique", baptisé ainsi par Magellan lui-même, était alors inconnu) ?
Cet ouvrage est bien plus qu'une biographie romancée, c'est un fabuleux récit d'aventure vécue, digne de L'île au trésor !
Embarquez sur la caravelle de Magellan et vivez ce que Henry de Monfreid appelait "la vie libre, que seule donne la mer", sous la plume de Zweig !