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J'en rêve la nuit de cette princesse. Je n'exagère pas quand j'affirme que ses cheveux sont d'or, que son menton semble sculpté dans l'ivoire et que ses lèvres enduites d'un carmin sauvage évoquent les framboises que l'on trouve sur le bord de la route - quand on s'arrête pour faire pipi ou quand mon père veut fumer sa Gauloise. Et ces framboises-là, justement, ne sont pas consommables ; d'aucuns prétendent que leur poison pourrait freiner la croissance et même déclencher des troubles intestinaux.
Parfois j'imagine mes lèvres contre les siennes. Ça chatouille et aussitôt quelque chose se met à vibrer en moi. C'est tout à fait nouveau comme impression, c'est attirant, magique, et défendu aussi. Alors forcément, je ne pense qu'à ça. Et puis il y a aussi le fait qu'elle soit riche. Il me semble que je pourrais, par le biais de promenades bucoliques, évaluer l'exact fossé qui nous sépare. Cette différence sociale qui parfois me pousse à me poser des questions aussi farfelues que : M. Morinelli trempe-t-il son pain dans la soupe de légumes (après y avoir versé un restant de vin rouge) ? Mme Morinelli y regarde-t-elle à deux fois avant d'acheter quelque chose ? Choisit-elle systématiquement les périodes de soldes, janvier février ?