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Le soin de trouver des paroles nuit beaucoup au mouvement du cour, a-t-on écrit à d'autres propos. Rien n'est plus vrai, peut-être, lorsqu'il s'agit, en dehors de la poésie, de parler de la poésie, de présenter des poèmes, ces témoignages, selon Baudelaire, d'une sensibilité irritée, d'une postulation des nerfs, d'une nature exilée dans l'imparfait, et qui voudrait s'emparer immédiatement, sur cette Terre-même, d'un paradis révélé.
Cherchant à remonter aux sources de la poésie pure, on a beaucoup parlé de miracle de la poésie, de mystère de la poésie, de mysticisme de la poésie. Il y a, en effet, dans toute poésie, voire la plus rationnelle, quelque chose d'ineffable, qui provient de ce qu'Henri Brémont appelait : l'action transformante et unifiante d'une réalité mystérieuse, étroitement unie à ceci ou à cela. Cet enchantement obscur, indépendant du sens, cette musique conductrice, cette incantation qui fait le poète avant les idées ou les sentiments qu'il exprime, se trouvent dans le premier recueil de Christian Moncelet : La Rose-Christ et le lépreux, mais n'en font pas, pour autant, un poète malgré lui.
Christian Moncelet sait aussi trouver, dans ceci ou dans cela, les idées ou les sentiments ; la confirmation de dons dont il est conscient et, même dans ses moments les plus heureux - et ils sont assez nombreux pour que les citer conduise à l'abus - il semble demeurer le maître de ses pouvoirs d'incantation, nourrissant son langage de cette substance émotive qui illumine les mots.