En cours de chargement...
Remettant en cause l'interprétation ordinaire du parricide qui en fait une catégorie de l'homicide relevant d'une action privée, Yan Thomas entend retracer ses origines, sa genèse et son évolution, mais aussi sa dimension symbolique et fondatrice à travers les différents régimes politiques romains. Au-delà de la lignée familiale, le père a en effet une fonction étatique. à Rome, le parricide est une injure suprême, un crime d'état.
Il traduit surtout la peur obsessionnelle des pères qui craignent d'être évincés ou tués par leurs propres fils qu'ils ont privés de toute autonomie politique, personnelle et financière. Il ne s'agit pas, pour Yan Thomas, de décrire la réalité de pratiques de meurtres de pères par des fils, mais de saisir plus généralement ce que le droit de vie et de mort impose, ce qui se joue dans la substitution d'un rapport de puissance et d'un modèle juridique au lien biologique.
L'auteur s'attache alors à montrer que le sens, le rôle et la structure de toute la politique romaine se comprend à l'articulation du public et du familial, et que la famille est constitutive du code politique romain. Cette enquête passionnante, qui, pour comprendre la spécificité de la notion de parricide mêle la philologie et le droit à l'archéologie et à l'anthropologie, permet à Yan Thomas de proposer une lecture inédite et éclairante de la politique romaine et de la nature même de l'état romain.