Le narrateur est contacté par Sayaka, son ancienne petite amie, après des années de silence. Elle est désormais mariée et mère d'une petite fille. Mais son mari est souvent absent et sa fille vit avec ses beaux-parents. Elle dit ne pouvoir compter que sur lui pour l'aider à résoudre un problème. Elle lui confie n'avoir aucun souvenir de sa petite enfance et pense pouvoir trouver des réponses à ses questions grâce à une clé et un plan qu'elle vient de trouver dans les affaires de son père décédé. Réticent au début, le narrateur finit par accepter d'accompagner Sayaka et ensemble
ils se rendent dans une maison perdue au fond d'un bois, près du lac de Matsubara. La maison est abandonnée, figée, comme si le temps s'y était arrêté il y a 23 ans à 11h11. Leur exploration les conduit au journal intime d'un jeune garçon, Yusuke, qui semble avoir vécu des heures sombres en ces lieux. Reconstituant petit à petit le fil des évènements, ils cherchent le lien entre cet endroit et l'enfance de Sayaka.
Ambiance glauque, angoisse presque palpable, pudeur des sentiments, le japonais Keigo HIGASHINO réussit ici un huis-clos captivant, un roman sombre et oppressant qui mène le lecteur jusqu'au coeur d'une tragédie familiale. Dans une maison des plus inquiétantes, à l'écoute d'un petit garçon sérieux et heureux dont la vie tourne au cauchemar avec la disparition de son père et la survenue de "l'autre", un homme méprisable et violent qui le soumet à une torture autant psychologique que physique. Tout au long du récit, le lecteur se prend d'empathie pour ce bonhomme courageux, s'inquiète de son sort, mais les indices sont là et s'accumulent pour ne pas douter qu'au final le drame est inévitable. Quelles séquelles garde-t-on de son enfance? Peut-on y trouver la source de nos comportements d'adulte? Par petites touches, l'auteur évoque la famille traditionnelle japonaise : le chef de famille décisionnaire, les enfants comme investissements pour l'avenir et la maltraitance, phénomène nouveau qui s'invite de plus en plus souvent dans les foyers.
Un très bon et très beau roman noir.
Japon, mystère
Je retrouve l'auteur avec plaisir, ayant lu il y'a quelques années son très bon précédent roman à suspens "Un café maison".
Il n'est pas question, cette fois-ci d'une enquête policière, mais plutôt de la recherche d'une enfance oubliée. Avec Yasaki et le narrateur, je suis partie dans cette étrange maison de Nagano ou rien ne semble juste et à sa place.
Les pages défilent, un coin du voile se soulève, entraînant d'autres questions.
Il est également question, en toile de fond dans ce roman, de la violence sur les enfants.
La société japonaise est toujours autant régit par des codes et des traditions.
Une intrigue assez alambiquée pour tenir le lecteur en haleine ; des personnages attachants ; un huis clôt passionnant.
L'image que je retiendrai :
Celle de la poupée sur le piano de la pièce principale, une poupée au regard étrange.
Citation :
"D'ailleurs, chacun n'a-t-il pas une maison où l'enfant qu'il était est mort autrefois ? On fait seulement semblant de ne pas voir qu'il s'y trouve encore parce qu'on ne tient pas à le rencontrer". (p.250)