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L'art égyptien est peut-être le plus impersonnel qui soit. L'artiste s'efface. Mais il a un sens inné de la vie, un sens si directement ému et si limpide que tout ce qu'il décrit de la vie semble défini par ce sens, issu du geste naturel, de l'attitude exacte, où l'on ne voit plus de raideur. Son impersonnalité ressemble à celle des arbres qui s'inclinent dans le vent d'un seul mouvement et sans résistance, ou à celle de l'eau qui se ride en cercles égaux allant tous dans le même sens.
De loin, l'art égyptien semble immuable et éternel comme lui-même. De près, il offre, comme celui de tous les autres peuples, le spectacle de grandes évolutions, de progrès vers la liberté d'expression, de recherches dans le hiératisme imposé. L'Egypte est si loin de nous que tout semble sur le même plan. On oublie qu'il y a quinze ou vingt siècles, l'âge du christianisme, entre le "Scribe assis" et la grande période classique, vingt-cinq ou trente siècles, cinquante peut-être - le double du temps qui nous sépare de Périclès et de Phidias - entre les pyramides et l'école saïte, dernière manifestation vivante de l'idéal égyptien.
L'Egypte est morte de son besoin d'éternité.