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Le Sud paraît une dimension géopoétique plus ou autant que l'Orient. Au-delà d'une opposition frontale Nord/Sud, le besoin d'une langue poétique commune se pose, non dissocié de l'émergence de l'idée de " nation ". Quelle que soit l'aire culturelle concernée, mais suivant des processus divers, la poésie joue un rôle majeur dans la définition d'une identité qui rayonne au-delà du simple fait poétique.
Sans nous bercer d'illusions sur la valeur transcendante de la poésie comme langue commune, il nous faut reconnaître qu'elle est l'un des liens culturels forts qui se sont établis, notamment entre anciennes puissances colonisatrices et pays en quête d'unité nationale. Dans ce contexte politique encore récent, la poésie peut-elle jouer le rôle d'une pratique non mimétique, inventive, et susceptible d'ouvrir un avenir viable ?
Tout comme le Sud inspire et appelle, l'Orient éclaire.
Il est l'occasion d'un détour. C'est d'un Orient dit " proche ", ou " moyen " qu'il s'agira ici. Sur le thème des transformations poétiques en Orient arabe, nous avons pris la mesure d'un enracinement et de son contraire, qui est l'errance, d'une transcendance qui s'est incarnée dans cette région de façon immémoriale. Le caractère militant, uni à un goût pour la polémique, se retrouve dans toute la sphère arabe.
Ce qui domine dans la perception moderne de l'Orient aujourd'hui, ce sont des termes radicalement antithétiques de la poésie. Pourtant, l'Orient a représenté, jusqu'au cliché, le nom d'une utopie. L'Orient n'est pas lointain, mais bien ici, dans un possible passage. Ce n'est pas non plus l'ambition de reconnaître, adossé à sa langue, un autre système symbolique, une altérité radicale qui conduit en Orient (ce serait l'Orient extrême), mais plutôt le désir d'interroger le poème lui-même posé comme équivalent à l'Orient.
L'Orient ouvrirait à une poétique, dans la mesure où la poésie est l'altérité inscrite au cœur de la langue. L'Orient qui nous intéresse ici est celui de l'altérité radicale du poème.