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Après la Seconde Guerre mondiale, les élites économiques européennes, affaiblies par leur collaboration avec l'Allemagne nazie, doivent faire profil bas. Aux États-Unis, la peur du communisme paralyse la société. Pendant trente ans, des deux côtés de l'Atlantique, les classes moyennes vont profiter de cette situation et prospérer. Mais à la fin des " Trente Glorieuses ", les libéraux sentent que l'heure de la revanche a enfin sonné.
Pour imposer leurs idées, ils utilisent une arme rhétorique redoutable : TINA, le fameux acronyme thatchérien de " There is no alternative ", qu'ils vont répéter et faire répéter par tous les médias jusqu'à ce qu'il soit entendu comme une vérité révélée.
Il n'y a pas d'alternative au capitalisme, au marché, à la mondialisation, à la déréglementation financière, aux baisses de salaires, aux délocalisations, à la disparition des protections sociales, etc. Cette idéologie va infester les sociétés occidentales, provoquer le déclassement social du plus grand nombre et des profits gigantesques pour quelques-uns.
Une oligarchie confisque alors le pouvoir.
Mais quand la crise financière de la fin des années 2000 met en péril sa fortune et son patrimoine, l'État recouvre soudain toutes ses vertus. Ceux qui hier le vilipendaient réclament son secours à grands cris. Il n'y a pas d'alternative, il faut sauver les banques ! Et pour renflouer les pertes abyssales de l'économie de casino, ce sont encore les plus démunis qui seront rançonnés, à commencer par les salariés.
Jusqu'à quand ?
Agrégé d'économie, Bertrand Rothé est l'auteur de Lebrac, trois mois de prison (Seuil, 2009).
Romancier, cinéaste, Gérard Mordillat est notamment l'auteur de Rouge dans la brume (Calmann-Lévy, 2011).
Un antidote à la pensée unique ?
Propagande : ensemble de techniques visant à faire penser ou agir une population d'une certaine manière.
Voilà le coeur du problème.
Certains ouvrages, de plus en plus nombreux, exposent une autre vision économique, d'autres voies, mais se heurtent au dogme TINA "There Is No Alternative". Celui-ci, instillé dans les esprits depuis l'accession de Margaret Thatcher au pouvoir, est devenu pour le grand public mais aussi pour les décideurs politiques, l'unique cadre de référence en terme de pensée économique, enterrant le keynésianisme.
Le but de ce livre est de se confronter non seulement aux idées mais aussi à la mécanique pernicieuse de l'endoctrinement qui depuis Reagan a peu à peu mis à genoux les USA.
Clair et incisif, le seul reproche que je puisse lui faire est d'être trop court.