Il y là, comme un air de grand roman.
Un après midi, une soirée tragique.
Dans le petit hameau de la Bassée, trois hommes débarquent dans la petite ferme du jeune Bergogne, il y a là Ida sa fille et Christine la voisine. Sa femme Marion, elle, ne va pas tarder. C'est son anniversaire ce soir. Ce soir c'est un soir pas comme les autres.
Laurent Mauvignier déploie magistralement le fil d'un huis clos à l'angoisse sourde et rampante et sonde ces vies ordinaires, ces vies invisibles écrasées de brisures intérieures, de silences refoulés. Ces existences bouffées d'apparences,
qui basculent un soir, dans la violence la plus tragique.
La langue y trône, précise, puissante et juste, ample mais épurée jusque à l'os, un personnage celle là. Elle inonde de sa présence les fissures de ce récit qui se craquellent et se dévoilent, dans les silences du passé et la tension grimpante d'une histoire qui se joue du temps, du rythme et du détail, comme autant de pulsions narratives qui vous chopent à la gorge. Tout fait sens, dans une multitude de mouvements, ça vous agrippe le palpitant, comme une lame de fond.
Histoires de la nuit pourrait être un film, une sacrée pellicule d'ailleurs. C'est déjà et surtout un immense roman, terriblement haletant, implacable et sublime de psychologies dévoilées, de sociologies mises à nues, dans la noirceur sociale d'un petit coin de France abandonné.
Un chef d'oeuvre ?
Assurément l'un des très grands romans de cette rentrée littéraire.
Suffocant au possible
Un roman que vous n'êtes pas prêts d'oublier. Des phrases sinueuses particulièrement retorses (rien que la première fait une page et demie), une atmosphère poisseuse et angoissante, et un implacable étau qui se resserre sur les personnages sans qu'on ne sache pourquoi, jusqu'à nous étouffer complètement avec eux. La violence libératrice de l'épilogue est attendue car amenée savamment tout au long de ce roman virtuose. Un monument de style.