Eichmann à Buenos-Aires est un livre très intéressant à parcourir. le personnage de Ricardo Klement, autour duquel est évidemment centré l'intrigue, y est très finement saisi. Ariel Magnus parvient à éviter le double écueil de le représenter comme un monstre abominable ou bien comme le simple exécutant mécanique des consignes s'étant retrouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Eichmann apparait comme relativement anonyme et médiocre, mais capable de développer un mélange de cynisme, de mauvaise foi et d'aveuglement pour tenter de justifier ses actions passées. Il apparait
comme un homme doté d'une morale à géométrie variable et à ce titre va mettre relativement mal à l'aise le lecteur à certains moments. Il apparait d'ailleurs totalement sidérant qu'un tel personnage ait pu vivre au vu et au su de tous sans être inquiété, indépendamment des régimes politiques qui ont pu se succéder en Argentine. le livre nous aide ainsi à mieux saisir comment des individus parviennent à se reconstruire en essayant de faire abstraction des évènements dramatiques de leur passé. Une quête malheureusement (ou heureusement, pourrait-on être tentés de penser dans le cas d'Eichmann) vaine.
Ariel Magnus
Après la capitulation allemande, recherché pour crimes de guerre, Adolf Eichmann quitte l’Europe et s’installe en Argentine où il adopte le nom de Ricardo Klement.
Ariel Magnus nous plonge dans la peau du redoutable fonctionnaire nazi à l’origine de la logistique de la solution finale, alors qu’il tente de s’acclimater à sa nouvelle vie paisible en Amérique du Sud. Un portrait glaçant et fascinant, d’une belle écriture, qui rappelle ‘La dernière du Raïs’ de Yasmina Khadra.